Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, le nombre de morts estimé demeure incertain. En cause, le manque de fiabilité des sources, qu’elles soient russes, ukrainiennes ou internationales.
Selon le ministère de la Défense russe, le nombre de soldats russes tués depuis deux semaines de guerre serait d’à peine 500, alors que l’armée ukrainienne affirme qu’ils sont plus de 11.000 à être tombés au combat, dont deux généraux de l'armée. De son côté, le ministère russe de la Défense a évoqué la mort de 2.870 ukrainiens. Le grand écart entre ces données est représentatif de la guerre de communication que se livrent les deux pays.
Alors qui croire ? Selon les services de la Haute Commission des Nations unies, qui ont tenté de faire la lumière sur ces chiffres, 474 civils dont 17 enfants seraient décédés ainsi que 861 blessés, entre le 24 février et le 7 mars. Autre source, le ministère américain de la Défense déplore quant à lui entre 2.000 et 4.000 soldats russes tués.
Des lieux peu accessibles
Derrière chaque chiffre, les deux pays ont une stratégie politique : il s’agira notamment de minorer les pertes et de gonfler les dégâts infligés à l'adversaire, comme le fait la Russie, ou de communiquer sur le nombre de civils tués par les interventions russes, comme le fait l’Ukraine. Quoiqu’il en soit, connaître l’exactitude de ces chiffres est pour l’heure complexe.
D’ailleurs, hormis la probable manipulation de ces données, une autre difficulté pour évaluer le nombre de victimes réside dans le fait que certains lieux sont difficilement accessibles par les ONG et autres observateurs. Les bombardements ont fait fuir bon nombre d’entre eux. Mardi 8 mars, une membre ukrainienne de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe a même succombé aux bombardements de Kharkiv.
200rf
Face à la censure pilotée par le gouvernement de Poutine pour empêcher le peuple d’avoir accès à certaines informations, l’Ukraine a mis en ligne un site identifiant les soldats russes tués ou capturés : «200rf». Cet outil numérique se veut être une aide à destination des familles et des soldats russes demandant des nouvelles.
Mais selon Anna Colin Lebedev, spécialiste des questions russes et des sociétés post-soviétiques, 200rf est aussi une arme de communication qui vise à montrer aux familles la détresse ukrainienne. Elle étaye cette idée dans un tweet :
«Montrer les corps et les prisonniers aux parents est un moyen de pression psychologique sur la population russe. Mais cela permet aussi d'identifier des morts et de retrouver les vivants. Car ce n'est pas l'Etat russe qui s'en chargera.»
Montrer les corps et les prisonniers aux parents est un moyen de pression psychologique sur la population russe. Mais cela permet aussi d'identifier des morts et de retrouver les vivants. Car ce n'est pas l'Etat russe qui s'en chargera. https://t.co/VHhexEsf3u 12/13
— Anna Colin Lebedev (@colinlebedev) February 27, 2022
A noter qu’il est fort possible que l’estimation exacte de décès dans les deux camps ne soit jamais connue.