Pour contrer ou ralentir l'invasion russe, la résistance ukrainienne s'organise. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, elle ne repose pas uniquement sur une riposte armée. Face à l'envahisseur, les civils font preuve de détermination, d'ingéniosité... et de courage.
Parfois l'opposition à l'ennemi prend la forme de démarches simples mais astucieuses, à l'image de cette consigne, transmise, selon plusieurs journalistes présents sur place, par les autorités elles-mêmes : enlever ou intervertir les panneaux de signalisation.
Road service employees are dismantling road signs across Ukraine in order to complicate navigation for the invading Russian troops. https://t.co/O2zsIDdJGT pic.twitter.com/F8OjqkohAc
— The New York Times (@nytimes) February 26, 2022
John Hudson, qui travaille pour le Washington Post, a ainsi relayé ce message, attribué aux forces armées ukrainiennes : «Nous désorientons l'ennemi ensemble ! Afin de semer la confusion et de dérouter les troupes russes qui se déplacent illégalement sur les routes d'Ukraine, nous appelons les citoyens à prendre l'initiative suivante : enlever les panneaux avec des numéros et des noms de rues/villes/villages dans leurs zones».
Actuellement, le réseau internet est très mauvais en Ukraine, notamment en raison des bombardements qui endommagent les infrastructures internet au sol. En semant le trouble parmis les panneaux de signalisation, les Ukrainiens espèrent faire perdre du temps aux troupes russes, qui peinent déjà à se géolocaliser de manière efficace.
Le message a également été relayé par l'Ukravtodor, l'agence routière ukrainienne, qui, sur Facebook, affirme que le démontage des panneaux de signalisation est la «priorité n°1», sur «toutes les routes du pays». «L'ennemi a une très mauvaise connexion [...] aidons-les à aller droit en enfer», écrit-elle.
Ukrainians stopping Russian tanks with their bare hands. I have never felt this much love pic.twitter.com/10CWLcOKUX
— Anastasiia Lapatina (@lapatina_) February 26, 2022
#Ukraine Sur cette vidéo, regardez comment les Ukrainiens de Koriukovka, 13000 habitants, région de Tchernigiv, nord-est de Kiev, repoussent les chars russes rien qu'en marchant devant eux, ne les autorisant pas à rentrer dans leur ville. Impressionnant. pic.twitter.com/py5p7CRtfh
— Stéphane Siohan (@stefsiohan) February 27, 2022
D'autres civils s'illustrent de manière plus frontale, tentant d'entraver les chars russes de leurs propres corps. La journaliste ukrainienne Anastasiia Lapatina, qui travaille pour le Kyiv Independent, a notamment posté une vidéo dans laquelle on peut voir un homme poser ses mains sur un tank pour le stopper, avant de s'agenouiller devant le véhicule.
Des séquences montrent aussi des Ukrainiens préparant des cocktails molotov par dizaines, parfois en pleine rue. Ils répondent ainsi à l'appel du ministère ukrainien de la Défense lui-même qui s'est exprimé sur Facebook : «Nous demandons aux citoyens de nous informer des mouvements ennemis, faites des cocktails Molotov, neutralisez l'occupant !», écrivent les autorités qui publient des guides pour confectionner ces armes.
“It seems like the only important thing to do now”
Women in Dnipro prepare Molotov cocktails to defend their cityhttps://t.co/XZzzrJNAtZ pic.twitter.com/gFGLo264aM— BBC News (World) (@BBCWorld) February 27, 2022
Le président Volodymyr Zelensky a par ailleurs décrété jeudi soir la mobilisation générale et le rappel des réservistes de 18 à 60 ans sous 90 jours, dans toutes les régions ukrainiennes. Cela représente environ 900.000 personnes, censées grossir les rangs des 200.000 militaires ukrainiens déjà mobilisés.
Si cette guerre semble opposer David à Goliath, les «signes d'une résistance ukrainienne viable» sont là, selon le Pentagone. Dans la nuit de samedi à dimanche, un haut responsable du ministère américain de la Défense a ainsi indiqué : «Nous pensons que les Russes sont de plus en plus frustrés par leur perte d’élan au cours des dernières 24 heures, notamment dans le nord de l’Ukraine.»
Evoquant une résistance «supérieure à ce que les Russes anticipaient», le Pentagone souligne que l'armée de Vladimir Poutine n'a, pour l'heure, pris le contrôle total d'aucune ville ukrainienne d'importance. Ce dimanche 27 février, les forces ukrainiennes ont même assuré avoir repris le contrôle de Kharviv, la deuxième ville du pays. Mais Vladimir Poutine a ensuite suscité une vive inquiétude, en indiquant mettre en alerte la «force de dissuasion» de l'armée russe, soit la force nucléaire.