En reconnaissant l'indépendance des régions séparatistes de Donetsk et Lougansk, Vladimir Poutine rompt les accords de Minsk, signés en 2015 pour trouver une issue à la guerre en Ukraine.
pourquoi les Accords de Minsk ont-ils été signés ?
Les accords dits «Minsk II» ont été signés en 2015 pour mettre fin à la guerre entre le pouvoir ukrainien et les républiques séparatistes de Donetsk et de Lougansk, soutenues par la Russie.
Ces provinces situées dans la région du Donbass, à l'est de l'Ukraine, avaient fait sécession en 2014 peu après l'annexion de la Crimée par la Russie.
Après l'échec d'un premier accord signé en septembre 2014 (Minsk I), les chefs d’Etat français, allemand, russe et ukrainien sont parvenus à un nouvel accord de paix (Minsk II) le 12 février 2015.
Que prévoyaient les accords ?
Souvent décrit comme complexe et fragile, le texte prévoyait tout d'abord des mesures d'apaisement : un cessez-le-feu immédiat, la mise en place d'une zone tampon démilitarisée, l'amnistie pour les participants du conflit, la libération de prisonniers et la reprise en main par l'Ukraine de sa frontière orientale.
Les accords de Minsk abordaient aussi la question très sensible d'une réforme de la constitution ukrainienne, dont le but est d'accorder plus d'autonomie aux provinces du Donbass avec, à la clé, l'organisation d'élections locales.
comment ont-ils été appliqués ?
Excepté l'échange de prisonniers, aucune des dispositions prévues n'a été réellement appliquée. En effet, Ukrainiens et Russes n'ont jamais réussi à s'entendre sur la chronologie de mise en œuvre des différentes dispositions. Si Kiev voyait la démilitarisation du Donbass comme un préalable à toute autre démarche, Moscou réclamait d'abord l'autonomie la région et l'organisation d'élections.
La question des prérogatives accordées à la nouvelle région autonome a aussi cristallisé les tensions. Le Kremlin réclamait que les futurs représentants du Donbass disposent d'une représentation au sein du gouvernement fédéral, ce qui selon l'Ukraine, revenait à donner à Moscou un droit de veto sur sa politique étrangère.
Pourquoi l'accord de Minsk était-il impopulaire en Ukraine ?
Pour beaucoup d'Ukrainiens, l'application des accords de Minsk représentait une capitulation face à la Russie. En 2015, des émeutes avaient éclaté après l'adoption par les députés d'un projet de loi octroyant une plus grande autonomie aux régions séparatistes de l'Est de l'Ukraine.
En 2019, un accord trouvé entre les séparatistes et le nouveau président Volodymyr Zelensky avait à nouveau suscité l'indignation d'une partie de la population. Surnommé «formule Steinmeier» du nom du ministre allemand qui l'avait proposé, il prévoyait l'application d'un statut spécial provisoire aux provinces sécessionnistes et fixait un calendrier électoral. 10.000 manifestants avaient alors défilé à Kiev aux cris de «Non à la capitulation».
A quoi ont abouti les tentatives de relance des négociations ?
Au cœur de la crise entre Occidentaux et Russes, Emmanuel Macron a réactivé le format diplomatique «Normandie» (France, Allemagne, Russie, Ukraine) qui avait abouti à la signature des accords de Minsk en 2015.
Début février, le chef de l'Etat a assuré avoir obtenu «un double engagement» de la Russie et de l'Ukraine à respecter les accords de Minsk, disant croire, à l'époque, en «des solutions concrètes» pour aboutir à une désescalade.
Estimant que l'Ukraine n'avait aucune intention d'appliquer les accords de Minsk, Vladimir Poutine a finalement choisi de passer en force en reconnaissant l'indépendance des régions séparatistes de Donetsk et Lougansk. Une décision qui viole le droit international et rend caduques les accords de Minsk.