De nombreux analystes estiment qu'en réclamant que l'Ukraine ne rejoigne jamais l'Otan et l'Union européenne, Vladimir Poutine recherche une «finlandisation» du pays. De quoi s'agit-il ?
En massant des dizaines de milliers de soldats à la frontière ukrainienne, la Russie montre à l'Occident qu'elle n'accepte pas la présence à ses portes de l'Otan, dont les troupes stationnent dans plusieurs pays d'Europe de l'Est (Bulgarie, Roumanie, pays baltes...).
L'adhésion de l'Ukraine à l'Otan, souhaitée par son président Volodymyr Zelensky, serait pour Vladimir Poutine une ligne à ne pas franchir.
Pour garantir l'équilibre entre Occident et Russie, certains estiment qu'une «finlandisation» de l'Ukraine est nécessaire.
Un terme issu de la guerre froide
Ce terme renvoie à la situation de la Finlande après la Seconde guerre mondiale. Pour éviter d'être engloutie par l'URSS comme ses voisins baltes, le pays a conclu en 1945 un marché avec les soviétiques. En échange d'une politique extérieure calquée sur celle de l'URSS, le pays pouvait conserver son système démocratique et libéral.
Pendant la guerre froide, la Finlande a été soumise à une stricte neutralité en matière stratégique : interdiction d'adhérer à l'Otan, d’accueillir des troupes occidentales ou d'installer des systèmes de défense sur son sol. Après la dislocation de l'URSS, le pays a rejoint l'UE en 1995, mais pas l'Otan.
«Finlandiser» l'Ukraine reviendrait donc à lui accorder un statut de neutralité : ni membre de l'Otan sous influence américaine, ni soumise à la Russie.
Cette option n'est pas vue d'un bon œil par l'Ukraine, Etat souverain qui s'estime libre de choisir ses alliances. Emmanuel Macron a lui reconnu que la «finlandisation» de l'Ukraine faisait «partie des modèles sur la table», tout en précisant que le pays ne peut rester «un no man's land, sans possibilité de souveraineté, de sécurité».