La confusion règne au Burkina Faso, où certaines sources ont fait état de l'arrestation ce lundi du président de la République Roch Marc Christian Kaboré. Après plusieurs heures sans réaction, son parti a dénoncé en début de soirée «une tentative avortée d'assassinat».
Le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) indique dans un communiqué que le Burkina Faso «s'achemine d'heure en heure vers un coup de force militaire». Il dénonce aussi «le saccage du domicile privé du chef de l'Etat» et «la tentative d'assassinat d'un ministre» dont le nom n'est pas précisé.
Le MPP pointe également l'«encerclement» du palais présidentiel de Kosyam «par un groupe d'hommes armés et cagoulés», et «l'occupation de la radio et télévision nationale» à Ouagadougou.
Le parti au pouvoir «appelle les forces de défense et de sécurité loyalistes, patriotes et républicaines à se démarquer de cette énième tentative de déstabilisation» et «à se mettre du côté du peuple burkinabè, de la légalité et de la démocratie».
Le président arrêté ?
Le sort du président Kaboré a fait l'objet de nombreuses interrogations, ce lundi après-midi. Des sources sécuritaires ont annoncé qu'il était détenu par des soldats mutinés. Mais une source gouvernementale a ensuite affirmé que le chef de l'Etat avait été «exfiltré» dimanche de sa résidence «avant l’arrivée d’éléments armés qui ont tiré sur les véhicules de son convoi».
Ce dimanche, des soldats se sont mutinés dans plusieurs casernes du pays pour réclamer le départ des chefs de l'armée et des «moyens adaptés» à la lutte contre les jihadistes qui frappent ce pays depuis 2015.
Au pouvoir depuis 2015, le président Kaboré, réélu en 2020 sur la promesse de faire de la lutte antijihadiste sa priorité, est de plus en plus contesté par une population excédée par les violences jihadistes et son impuissance à y faire face.
Ces mutineries surviennent alors que le Sahel est de plus en plus déstabilisé par les jihadistes qui frappent aussi le Niger et le Mali voisin, pays qui a été le théâtre de deux coups d’Etat en quelques mois.
Un peu plus tôt dans l'après-midi, l'Union africaine (UA) avait condamné une «tentative de coup d'Etat» et appelé «l’armée nationale et les forces de sécurité du pays à s’en tenir strictement à leur vocation républicaine, à savoir la défense de la sécurité intérieure et extérieure du pays».