L'Agence européenne des médicaments (EMA) estime que la propagation du variant Omicron va transformer le Covid-19 en une maladie endémique à laquelle la population devra s'habituer. Ce scénario est-il envisageable ? La comparaison avec la grippe est-elle crédible ?
«Avec l'augmentation de l'immunité dans la population - et avec Omicron, il y aura beaucoup d'immunité naturelle en plus de la vaccination - nous avancerons rapidement vers un scénario qui sera plus proche de l'endémicité», a indiqué mercredi Marco Cavaleri, chef de la stratégie vaccinale de l'EMA, basée à Amsterdam.
Comment comprendre cette déclaration ? Une maladie endémique est une pathologie dont la présence est permanente sur un territoire ou au sein d'une population. C'est le cas du Sida par exemple, ou de l'Hépatite B. A l'inverse, une maladie épidémique comme le Covid-19 revêt un caractère inhabituel et se caractérise par une augmentation brutale du nombre de cas.
une maladie «endémo-épidémique»
Il existe aussi des maladies «endémo-épidémiques» qui sont présentes chaque année sur le territoire mais qui évoluent sous forme de poussées épidémiques, comme la grippe saisonnière en France.
«Si le Covid-19 venait à se pérenniser dans la population, il s'apparenterait plutôt à une maladie endémo-épidémique», précise auprès de CNEWS.fr Antoine Flahault, épidémiologiste et professeur de médecine à l'université de Genève.
Dans une population immunisée naturellement ou par le vaccin, «il se peut que de nouveaux variants entraînent des bouffées épidémiques mais que cela ne nécessite pas forcément des restrictions sanitaires fortes en raison d'une mortalité plus faible».
comme la grippe ?
En effet, si le vaccin protège efficacement contre les formes graves, il semble pour l'heure impuissant à empêcher la transmission du virus, et donc l'émergence de nouveaux variants.
Pourra-t-on alors parler de maladie saisonnière, comme la grippe ? «Je ne sais pas si le Covid-19 sera une maladie saisonnière. Le monde a connu des vagues épidémiques en hiver comme en été», nuance Antoine Flahault.
La comparaison avec la grippe a d'autres limites. Celle-ci n'infecte que 5 à 10% de la population chaque année, tandis que le variant Omicron pourrait toucher plus de la moitié des Européens d'ici à deux mois, selon la branche Europe de l'OMS Europe.
«Si les nouveaux variants sont du même type qu'Omicron, il n'y pas de raison qu'ils n'entraînent pas des vagues épidémiques similaires à la vague actuelle», explique Antoine Flahault.
Pour l'instant, le virus est toujours dans une phase pandémique. «Nous avons toujours un virus qui évolue assez rapidement et qui pose de nouveaux défis. Nous n'en sommes donc certainement pas au point de pouvoir le qualifier d'endémique», a affirmé la responsable des situations d'urgence à l'OMS Europe, Catherine Smallwood.