Les Etats-Unis et la Russie se retrouvent à partir de ce dimanche soir, à Genève, pour tenter de désamorcer la crise explosive qui se joue autour de l'Ukraine et évoquer l'épineuse question de la sécurité en Europe.
La semaine diplomatique s'annonce chargée. Après une première discussion ce dimanche, Russes et Américains tiendront leur principale réunion lundi. Les pourparlers se poursuivront avec une rencontre Otan-Russie mercredi à Bruxelles puis une réunion jeudi à Vienne de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui inclut Américains, Russes et pays européens.
Les Occidentaux et l'Ukraine accusent les Russes d'avoir massé près de 100.000 soldats à la frontière ukrainienne en vue d'une potentielle invasion, et ont menacé le président russe Vladimir Poutine de sanctions «massives» et sans précédent s'il attaquait le pays voisin comme en 2014. Des mesures qui pourraient aller jusqu'à couper la Russie des rouages de la finance mondiale ou à empêcher l'entrée en fonctions du gazoduc Nord Stream 2 cher au Kremlin.
Poutine pose ses exigences
Le président Poutine, qui s'est entretenu à deux reprises avec son homologue américain Joe Biden depuis le début de cette nouvelle crise, a prévenu que de nouvelles sanctions seraient une «erreur colossale», et a menacé à son tour d'une réponse «militaire et technique» en cas «de maintien de la ligne très clairement agressive» de ses rivaux.
Le dirigeant russe désire renvoyer l'Occident à ses responsabilités et pose lui aussi ses exigences. Le Kremlin affirme en effet que les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, provoquent la Russie en stationnant des militaires à ses portes ou en armant les soldats ukrainiens qui combattent des séparatistes prorusses dans le Donbass, dans l'est de l'Ukraine. Il réclame donc un traité qui exclue définitivement l'entrée de l'Ukraine dans l'Otan et acte le retrait des soldats américains présents dans les pays baltes ou en Pologne.
Mais les Américains assurent ne pas être prêts à réduire leurs effectifs en Europe et menacent au contraire de les renforcer si les Russes passaient à l'offensive. Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a qualifié vendredi les exigences de Moscou d'«inacceptables». Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken parle lui d'une «stratégie» visant à «présenter une liste d'exigences absolument irrecevables et ensuite prétendre que l'autre camp ne joue pas le jeu et utiliser cela comme une justification pour une agression».
Les Européens marginalisés ?
Antony Blinken assure qu'une «solution diplomatique» est «encore possible» mais estime qu'il est «très difficile de faire de vrais progrès» avec «un pistolet sur la tempe de l'Ukraine».
Face au Kremlin qui semble vouloir privilégier le tête-à-tête russo-américain, Paris, Berlin ou encore Bruxelles réclament une vraie place à la table des négociations. Un test pour les Etats-Unis, qui, malgré les promesses de concertation, ont échaudé leurs alliés européens en donnant l'impression de faire cavalier seul sur les dossiers afghan ou chinois. Se voulant rassurant, Antony Blinken promet qu'«il n'y aura rien sur l'Europe sans l'Europe».