Il est le nouvel homme fort du Soudan. Abdel Fattah al-Burhane est le général qui a dissous les autorités du pays chargées de la transition après le départ d'Omar el-Béchir en 2019. A la tête de l'armée, il est devenu le dirigeant du pays après le coup d'Etat du 25 octobre dernier.
L'impasse sur des élections
L'homme de 61 ans est bien connu des Soudanais. Depuis 2019, il est chargé de présider le Conseil souverain, un organe qui avait pour but de superviser le gouvernement civil et militaire d'Abdallah Hamdok. Son rôle devait cependant rapidement prendre fin. En effet, les militaires avaient promis en 2019 de se retirer pour transférer le pouvoir total aux civils. Des élections devaient donc être organisées en 2022. Il n'en sera finalement rien.
Un ancien fidèle d'Omar el-Béchir
Avant de prendre part à la transition politique et à ce nouveau coup d'Etat, Abdel Fattah al-Burhane faisait partie intégrante du régime d'Omar el-Béchir. Pour autant, avant sa prise de poste en 2019, il était relativement inconnu du grand public soudanais. C'est notamment ce qui lui a permis d'être accepté au départ, alors que les protestataires n'étaient pas enclins à voir un militaire remplacer un militaire.
Lorsque la révolution a atteint son pic, et que l'armée a finalement décidé de destituer Omal el-Béchir, Abdel Fattah al-Burhane aurait joué un rôle prépondérant. En effet, dans une interview donnée à la BBC, il a expliqué qu'il faisait partie d'un trio d'officiers qui a demandé à l'ancien dirigeant de quitter le pouvoir. Ce dernier aurait laconiquement répondu : «ok».
Proche du pouvoir égyptien
S'il y a un Etat qui pourrait voir une opportunité dans la prise de pouvoir du général, c'est l'Egypte. Abdel Fattah al-Burhane possède en effet une bonne relation avec le régime du Caire. Celle-ci remonte à loin, puisqu'il a notamment réalisé une partie de ses études militaires en Egypte. Après sa prise de fonctions en 2019, c'est là-bas qu'il a fait sa première visite officielle. Pour l'occasion, Abdel Fattah al-Sissi avait même annulé son voyage en Afrique du Sud, organisé pour l'investiture du président sud-africain Cyril Ramaphosa.
Le Caire pourrait profiter de cet allié pour appuyer son combat contre le terrorisme islamiste. Reste à savoir, sur la durée, quelle sera la position de la France. Car si Emmanuel Macron a condamné «avec la plus grande fermeté» le coup d'Etat au Soudan le 25 octobre, Paris est très impliqué dans la stabilité de la région et la lutte contre l'islamisme, au côté de l'Egypte.