Depuis l'entrée en éruption du Cumbre Vieja, le 19 septembre dernier aux Canaries, les experts craignaient la rencontre de la lave avec l'océan, susceptible de produire des gaz toxiques. Ce moment redouté est arrivé dans la nuit de mardi à mercredi, mais le risque semble heureusement réduit.
La vitesse de la lave avait beaucoup varié au cours des derniers jours, au point même de s'immobiliser à un moment donné. Mardi après-midi, elle se trouvait encore à quelque 800 mètres de l'eau, sans que l'on puisse prévoir avec certitude quand elle atteindrait l'océan.
La lava cae al mar por un acantilado y genera un gran depósito de más de 50 metros https://t.co/wYpCLUjbmu pic.twitter.com/SkfgTJ2M6e
— RTVE (@rtve) September 29, 2021
Finalement, l'événement a été annoncé peu après 23h, heure locale (22h GMT), par l'Institut volcanologique des Canaries (Involcan). «La coulée de lave a atteint la mer à Playa Nueva», écrivait l'établissement sur Twitter.
Sur les images diffusées par la télévision régionale, on peut voir la lave incandescente pénétrer dans l'eau, au milieu d'un grand panache de fumée. Cette rencontre entre une roche en fusion à plus de 1.000 °C et un liquide qui avoisine les 20-25 °C est potentiellement dangereuse. Elle peut donner lieu à des explosions de morceaux de lave, des vagues d'eau bouillante ou l'émanation de gaz toxiques.
Un risque «beaucoup plus faible» que prévu
Voilà pourquoi le gouvernement régional de l'archipel a décrété un «rayon d'exclusion de 2 milles marins» autour du point de contact. Ce, même si «le risque est beaucoup plus faible» que prévu. En effet selon Rubén Fernandez, l'un des responsables du Plan d'urgence volcanique des Canaries (Pevolca), l'archipel est actuellement balayé par «un vent important [...] qui dissipe davantage cette colonne (de gaz) vers la mer».
Par précaution, les habitants de plusieurs quartiers de Tazacorte, un village situé près de la côte, ont été appelés à se confiner pour se protéger d'éventuelles émanations toxiques, qui peuvent «irriter la peau, les yeux et les voies respiratoires», selon Involcan. «Pour le moment, nous n'avons aucune indication qui nous fasse penser que c'est dangereux pour les personnes qui sont confinées, ni pour les équipes d'urgence, qui respectent également les périmètres de sécurité», précise toutefois Rubén Fernandez.
Selon les données du système européen de mesures géospatiales Copernicus, les coulées de lave ont détruit 656 bâtiments et recouvert 268 hectares de terrain sur l'île de La Palma depuis le 19 septembre. Aucune victime n'est à déplorer mais plus de 6.000 personnes ont dû abandonner leur domicile.
La semaine dernière, le président de la région des Canaries, Angel Victor Torres, estimait les dégâts à plus de 400 millions d'euros. L'Etat de catastrophe naturelle a été déclaré et le gouvernement a débloqué, mardi, 10,5 millions d'euros d'aides directes aux victimes de l'éruption. Cet argent doit notamment permettre le relogement de ceux dont la maison a été engloutie par la lave.