Sorti d'un sommeil long de 50 ans, le Cumbre vieja s'illustre par un réveil fracassant. En éruption depuis le dimanche 19 septembre, ce volcan situé sur l'île de Palma, aux Canaries, relâche quantité de fumées toxiques... qui se dirigent vers la France.
L'institut volcanologique de l'archipel (Involcan) enregistre chaque jour 6.000 à 11.500 tonnes de dioxyde de soufre (SO2) libérées dans l'atmosphère. Ces nuages ont déjà atteint les côtes marocaines ainsi que la péninsule ibérique et poursuivent leur route au nord. Selon les données du service européen de surveillance de l'atmosphère Copernicus, le panache est déjà présent au dessus du sud de la France ce jeudi 23 septembre, mais en très faible concentration.
More volcanic sulphur dioxide over Europe in the @CopernicusECMWF Atmosphere Monitoring Service @ECMWF forecast from 21 Sept 12 UTC with emissions from #CumbreVieja & #Etna visualized by @Windycom https://t.co/KuHWX1fpq5. Total column SO2 with assumed injection ~5km pic.twitter.com/XtmwcWFznG
— Mark Parrington (@m_parrington) September 22, 2021
D'après leur trajectoire actuelle, ils pourraient en revanche s'installer de manière plus prononcée sur l'Hexagone entre le vendredi 24 et le lundi 27 septembre. Mark Parrington, l'un des scientifique de Copernicus se veut pourtant rassurant.
Sur Twitter, l'expert publie des modélisations permettant d'analyser la nature et les déplacements du panache. Il estime que le dioxyde de soufre rejeté par le Cumbre vieja ne représente pas de danger dans l'immédiat. Mark Parrington explique que «la majeure partie du SO2 émis se trouve beaucoup plus haut dans l'atmosphère, en particulier lorsqu'on s'éloigne de la source». Sa concentration n'est donc pas suffisante pour dégrader la qualité de l'air et, par extension, la santé des Français.
«Une légère brume dans le ciel»
Dans un communiqué, Copernicus ajoute qu'en l'état, la dispersion du dioxyde de soufre «pourrait simplement être visible comme une légère brume dans le ciel» en France. Pour les habitants des Canaries la situation est évidemment plus délicate : le gouvernement leur a notamment conseillé de se couvrir le nez et la bouche lorsqu'ils sortent de chez eux.
Tous redoutent le moment où la coulée de lave, qui emporte tout sur son passage depuis plusieurs jours, va entrer en contact avec l'océan. Le phénomène peut en effet donner lieu à des explosions de morceaux de lave, des vagues d'eau bouillante ou l'émanation de gaz toxiques.
Selon Patrick Allard, de l'Institut de Géophysique du Globe de Paris, les nuages engendrés par cette interaction «sont acides et peuvent être dangereux si on est trop près». Mercredi 22 septembre, les autorités des Canaries ont cependant noté un franc ralentissement de l'avancée de la coulée de lave, qui a seulement parcouru «12 mètres en douze heures». Le directeur de la cellule d'urgence qui suit l'éruption, Miguel Angel Morcuende, estime que sa rencontre avec l'océan n'est plus certaine. Il reste néanmoins vigilant : l'éruption pourrait encore durer «entre 24 et 84 jours».