Huit personnes ont été mises en examen entre septembre 2020 et juin dernier, soupçonnées d'avoir participé à une filière clandestine faisant entrer des migrants Marocains dans l'espace Schengen et notamment en France depuis au moins trois ans.
Les migrants voulant venir en France pouvaient acheter des faux papiers mais aussi de vrais titres de séjour via des individus travaillant en préfecture en Seine-et-Marne.
Le réseau avait tissé sa toile au cœur de l'espace Schengen, permettant, presque «à la carte», aux migrants de choisir leur pays d'exil - Allemagne, Italie, France notamment- avec au choix, de faux ou de vrais papiers.
Un réseau extrêmement structuré, selon une source proche du dossier interrogée par CNEWS. De fait, plusieurs personnes se chargeaient de sélectionner les migrants au Maroc. Le candidat au départ devait verser 8.000 euros aux malfaiteurs pour récupérer son passeport tamponné d'un véritable visa chinois ou thaïlandais, grâce à des complicités consulaires.
Ensuite, l'individu montait effectivement dans l'avion, muni d'un billet fourni par des complices au sein d'une agence de voyage. Mais au lieu d'aller jusqu'en Asie, le migrant profitait de l'escale à Francfort en Allemagne pour demander l'asile. Selon la procédure administrative, il était placé en centre de rétention quelques jours puis une fois dehors, un membre du réseau l'hébergeait le temps de rejoindre un passeur selon la destination de son choix.
Au moins 200 migrants arrivés dans divers pays européens via cette filière
Pour ceux qui choisissaient la France, deux possibilités. Soit payer 500 euros pour récupérer de faux documents d'identité. Soit débourser 6 000 euros pour obtenir un vrai titre de séjour, grâce à la complicité d'employés de préfecture travaillant en Seine-et-Marne. L'enquête débutée en 2018 et menée par la Brigade mobile de recherche d'Ajaccio (service de la Police aux frontières) en coopération avec les services allemands a permis de déterminer qu'en trois ans, au moins 200 clandestins sont ainsi arrivés dans divers pays européens via cette filière.
Huit personnes ont été mises en examen par la justice française, dont deux agents de préfecture et l'homme qui faisait office de tête de pont du réseau dans l'Hexagone. Ce dernier, un Marocain de 47 ans en situation régulière et sans antécédents judiciaires, a été placé en détention provisoire. Coiffeur de profession, il investissait à l'étranger l'argent des migrations illégales. En perquisition, les enquêteurs ont saisi un véhicule et 16.000 euros en espèces. Selon nos informations, au cours de sa garde à vue, il a nié être le chef de la filière française du réseau.