Une somme colossale et un système bien ficelé. Deux filières d'immigration clandestine, l'une ukrainienne et l'autre moldave, ont été démantelées la semaine dernière en Seine-et-Marne, apprend-on de sources concordantes ce mardi 20 avril. Elles ont détourné plus d'un million d'euros d'allocations pour demandeurs d'asile.
Au total, neuf personnes ont été interpellées et écrouées. L'aboutissement d'une enquête ouverte en juillet 2020 par l'Office central pour la répression de l'immigration irrégulière et de l'emploi d'étrangers sans titre (Ocriest).
Lundi 19 avril, des opérations de police ont aussi eu lieu en Ukraine, avec huit personnes interpellées et une cinquantaine de perquisitions conduites ou en cours.
Une méthode déconcertante de simplicité
Pour opérer, ces réseaux de malfaiteurs avaient mis au point une méthode très simple. Mais ce qui a mis la puce à l'oreille des autorités, c'est que «depuis deux ans, il y avait une forte hausse, jugée anormale, des demandes d'asile de la part d'Ukrainiens et de Moldaves en préfecture de Seine-et-Marne», a expliqué à l'Agence France-Presse (AFP) le chef de l'Ocriest, Xavier Delrieu.
Le commissaire a ajouté que le mode opératoire était «simple mais efficace». Concrètement, les passeurs faisaient venir par bus entiers des demandeurs d'asile d'Ukraine et de Moldavie.
Une fois arrivés en France, les migrants étaient logés dans des box de fortune aménagés dans d'anciens entrepôts d'usines désaffectées de Seine-et-Marne. C'était notamment le cas à Dammarie-lès-Lys et Emerainville, où vit une importante communauté ukrainienne et moldave.
Un réseau qui a opéré dix mois durant
Un téléphone et une aide leur étaient ensuite fournis pour déposer leur demande d'asile en préfecture, leur donnant droit à une carte de paiement créditée du montant de l'allocation pour demandeurs d'asile (ADA), soit 420 euros par mois pour un adulte. Et c'est donc ainsi que plus d'un million d'euros ont pu être détournés.
Les cartes de paiements remises, «le réseau réexpédiait ensuite les migrants, parfois de force, en Ukraine et Moldavie tout en gardant leurs cartes pendant toute la durée de la procédure de demande d'asile, en général six à huit mois», a détaillé Xavier Delrieu.
Au total, en dix mois d'existence, le réseau aurait récupéré 500 cartes ADA. De quoi pouvoir détourner une somme comprise entre 1 et 1,2 millions d'euros. Si une partie de la somme était dépensée en France, le reste était envoyé en Ukraine et Moldavie par des entreprises spécialisées dans le transfert de fonds.