L'homologation par l'Agence américaine des médicaments (FDA) du vaccin de Pfizer/BioNTech contre le Covid-19, lundi 23 août, incite de plus en plus d'entreprises américaines à rendre la vaccination obligatoire pour leurs salariés.
Si en France l'obligation vaccinale n'entrera en vigueur que pour certaines professions à partir du 15 septembre 2021, aux États-Unis des entreprises n'hésitent pas à franchir le pas. A la faveur de l'autorisation sans condition du vaccin anti-Covid de Pfizer, cette décision concerne les salariés et parfois même les clients.
Les pharmacies CVS, le pétrolier Chevron, Disney ou la banque Goldman Sachs, tous sont sortis du bois depuis le début de la semaine, imposant à tout ou partie de leurs employés d’apporter la preuve qu’ils ont bien été vaccinés.
Depuis juin, et les annonces de la banque Morgan Stanley et du gestionnaire d'actifs BlackRock, quelques grands groupes avaient déjà osé changer de discours, pour passer de la recommandation à l'obligation. Google, Facebook, puis Uber, avaient ainsi officiellement interdit leurs locaux aux employés ne présentant pas un schéma vaccinal complet.
Le président américain Joe Biden s'est lui aussi exprimé, lundi dernier, en faveur d'une vaccination large des employés dans les entreprises. «Faites ce que j'ai fait le mois dernier : demandez à vos employés de se faire vacciner ou de s'exposer à des contraintes strictes» a-t-il affirmé. Et pour cause, fin juillet le chef de l'Etat avait ainsi offert aux employés publics fédéraux le choix entre la vaccination ou l'obligation de se soumettre à un lourd protocole sanitaire avec tests réguliers.
Une décision qui ne fait pas l'unanimité
Sur les réseaux sociaux, des internautes accusent ces entreprises d'entorse profonde aux libertés individuelles dans un pays qui en a fait une valeur cardinale. Un élu local de la chambre basse de Floride, le républicain Anthony Sabatini, a même déposé un projet de loi pour interdire cette disposition.
D'autres entreprises n'ont pas encore prévu de sauter le pas. C'est le cas d'American Airlines qui «encourage fortement» ses salariés à recevoir leurs injections, mais se refuse à les y obliger pour l'instant. La compagnie aérienne offre toutefois un jour de congé supplémentaire et 50 dollars à ceux qui passent à l'acte.
Le PDG de Delta Air Lines, Ed Bastian a lui annoncé mardi, que sa compagnie imposerait une surcotisation d'assurance santé de 200 dollars par mois aux employés non vaccinés, pour compenser «le risque financier que fait peser pour l'entreprise la décision de ne pas se faire vacciner».
Pour l'heure, les plus gros employeurs du pays, Amazon, Home Depot, FedEx, UPS ou Target restent silencieux que le sujet. Même Walmart n'a imposé la vaccination qu'aux employés de son siège, et pas aux salariés de ses magasins et entrepôts.
De l'avis général, le risque juridique lié à une mesure contraignante est pourtant minime, quand bien même elle mènerait à un licenciement. En effet, en mai dernier, l'agence fédérale américaine en charge du respect des lois contre la discrimination au travail (EEOC), a indiqué que l'obligation de présenter une preuve de vaccination n'était pas en infraction avec le droit du travail américain.
«Pas d'actualité» en France
En France, l'obligation vaccinale entrera en vigueur à partir du 15 septembre pour les personnels des établissements de santé ou intervenants auprès de personnes fragiles. A ce jour, plus de 83% des soignants dans les hôpitaux ou les maisons de retraite sont vaccinés, indiquait jeudi le Premier ministre Jean Castex.
Ce dernier a également assuré que l'instauration du pass sanitaire dans toutes les entreprises «n'était pas d'actualité».