Pointés du doigt à l'international pour avoir quitté l'Afghanistan en laissant la place pour une victoire des talibans, les Etats-Unis ne comptent pas faire machine arrière. Joe Biden l'a une nouvelle fois confirmé ce lundi 16 août lors d'une allocution, et paradoxalement cela pourrait peut-être lui apporter des points politiques.
En effet, les citoyens américains sont, depuis des années, globalement favorables au retrait des troupes d'Afghanistan. Un souhait d'autant plus grand que les Etats-Unis sont engagés sur ce théâtre de guerre depuis près de vingt ans. Un sondage publié le 26 juillet dernier par le Chicago Council on Global Affairs montre que 70% des Américains soutenaient la décision de Joe Biden.
Cette question était même l'une des rares recueillant un soutien bipartisan dans un pays largement fracturé entre républicains et démocrates. Quelque 56% des conservateurs se disaient ainsi en faveur du retrait des troupes, initié par Donald Trump avec l'accord de Doha signé en février 2020.
Cependant, avec les jours qui passent et la victoire express des talibans, l'opinion publique commence visiblement à s'interroger sur la manière dont les Américains ont quitté le pays. Interrogés sur le sujet pour Morning Consult et Politico, seuls 25% des citoyens estiment que le départ s'est bien déroulé, et le soutien au retrait est tombé à 49%.
L'armée afghane critiquée
Face aux nombreuses critiques, Joe Biden n'a pas hésité à défendre sa décision en attaquant Donald Trump pour la situation dont il a hérité, mais aussi l'armée afghane. «Les troupes américaines ne peuvent et ne doivent pas combattre et mourir dans une guerre où les forces afghanes ne sont pas prêtes à combattre eux-mêmes», a-t-il asséné.
Reste à savoir si cet argumentaire résonnera chez les électeurs. Selon Olivier Richomme, spécialiste des Etats-Unis et maître de conférences à l'université Lyon 2, les membres de l'administration Biden «sont en campagne pour protéger l'image de la diplomatie américaine alors que les faits sont contre eux».
L'expert assure cependant qu'il n'y avait pas, pour le démocrate, de «bonne solution». «Je pense que le calcul qui a été fait était : "si on reste, on perd, et si on s'en va, on perd. Alors autant partir"», assure Olivier Richomme. Une stratégie qui prenait en compte la forte probabilité d'une victoire des talibans.
Si la situation actuelle ne pourra donc pas être brandie fièrement par Joe Biden lors des prochaines campagnes, «je ne suis pas sûr que le peuple américain lui reproche d'être parti», conclut le chercheur. Reste à savoir si le sujet sera l'un des enjeux des prochaines élections, à commencer par les midterms prévues pour 2022.