Un changement éloquent. Google Earth a dévoilé récemment une vidéo qui montre l'évolution spectaculaire de notre planète grâce à la compilation de 37 ans d'images satellites, une manière édifiante de voir l'effet du changement climatique à la surface du globe.
Dans un tweet posté le 15 avril 2021, Google Earth a diffusé une vidéo de plus de 2 minutes qui retrace les changements survenus sur la Terre entre 1984 et 2020 grâce à Timelapse, une fonctionnalité désormais déclinée en 3D mise à la disposition des internautes.
We're unveiling a new dimension to Google Earth — time. Launched today with @nasaEarth @EU_Commission @USGS @esa, Timelapse in Google Earth provides a better understanding of Earth’s dynamic changes. Explore our changing planet: https://t.co/xz95CfPlaN pic.twitter.com/qsqWHsZ2at
— Google Earth (@googleearth) April 15, 2021
Google Earth a travaillé en collaboration avec la NASA, le programme Landsat de la United States Geological Survey, le programme Copernicus de l'Union européenne avec les satellites Sentinel et enfin le CREATE Lab de l'université Carnegie Mellon.
Compilant 24 millions de photos satellites prises ces 37 dernières années, Timelapse nous permet de voir notre planète dans une dimension temporelle jusque-là inconnue. Plus de 800 vidéos Timelapse en 2D et 3D ont été mises en ligne pour un usage public.
Afin de mesurer d'un simple coup d'œil, l'ampleur des transformations de la planète bleue, on a sélectionné quelques exemples «parlants», à travers un montage avant/après, constitué de photos, l'une datée de 1984 et l'autre de 2020. Ainsi, on peut immédiatement apprécier l'expansion urbaine à Las Vegas ou Shangai, observer la métamorphose des forêts en Amazonie ou constater le réchauffement planétaire en scrutant l'évolution des glaciers d'Alaska ou du Groenland.
DUBAÏ (émirats arabes unis)
© Google Earth Timelapse (Google, Landsat, Copernicus)
L'augmentation de la population de Dubaï et l'expansion de la ville émiratie ont été fulgurantes entre 1984 et 2020. Peuplée de 325.000 habitants en 1984, elle est passée à plus de 3,3 millions aujourd'hui. Dubai a subi d'énormes transformations au cours des trente dernières années. Carrefour commercial mondialement connu, la ville émiratie a fait la part belle à l'architecture moderne. Sur l'image satellite datée de 2020, on distingue parfaitement, de gauche à droite, les îles artificielles en forme de palmier de Palm Jebel Ali, Palm Jumeirah ainsi que celle en forme de mappemonde baptisée The World. Cette expansion ultra-rapide a entrainé de nombreux défis auxquels doit faire face Dubaï comme la gestion de l'énergie et de l'eau ou bien encore le problème de la désertification et de la perte de biodiversité dans la région.
glacier columbia (alaska - etats-unis)
© Google Earth Timelapse (Google, Landsat, Copernicus)
Situé dans la baie du Prince William en Alaska, le glacier américain Columbia a reculé de plus de 20 km vers le nord entre le moment où ont été prises ces deux photos. Ce recul colossal fait de ce glacier, celui qui a connu l'évolution la plus rapide au monde. De nombreux facteurs dont la hausse mondiale des températures sont à l'origine de ce retrait.
MATO GROSSO (BRéSIL)
© Google Earth Timelapse (Google, Landsat, Copernicus)
De 1984 à 2020, on mesure l'ampleur de la destruction de la forêt amazonienne dans l'Etat brésilien du Matto Grosso. La déforestation s'est étendue pour laisser la place à de nombreuses exploitations agricoles cultivant notamment du soja destiné à l'élevage bovin et porcin.
mer d'aral (kazakhstan)
© Google Earth Timelapse (Google, Landsat, Copernicus)
Le rétrécissement de la mer d'Aral constitue un désastre écologique et doit être un avertissement pour les étendues d'eau menacées comme la mer Caspienne ou le lac iranien d'Ourmia. Quatrième plus grand lac de la planète il y a 50 ans, la mer d'Aral est à l'heure actuelle et pour la première fois depuis 600 ans, en grande partie à sec. Ce phénomène d'assèchement du lac a commencé dans les années 1960 lorsque les eaux de la région qui l'alimentaient, ont été détournées au profit des cultures de coton et d'autres plantes dans les steppes désertiques voisines. Les eaux restantes du lac se sont dégradées. Avec l'évaporation de l'eau, les pesticides utilisés dans l'agriculture ont tapissé rapidement le bassin désséché de la mer d'Aral et depuis, ces sédiments pollués se disséminent lors de violentes tempêtes de sable, en contaminant les populations alentour.
SHANGAI (CHINE)
© Google Earth Timelapse (Google, Landsat, Copernicus)
Mégalopole de près de 25 millions d'habitants, Shangai a étendu ses frontières et absorbé les villes voisines, au fil du temps. Elle est devenue ainsi la ville la plus peuplée de Chine. Selon la NASA, le développement urbain effréné de Shangai s'est fait entre 2000 et 2004 avec la création de 243 km2 de zones urbanisées dans la région. Pour gagner plus d'espace, la ville a aménagé et artificialisé une partie de son littoral. Pour limiter la surpopulation, la pollution et les embouteillages, la Chine a toutefois instauré des plafonds de population pour Shangai et Pékin, fixés respectivement 25 et 23 millions d'habitants.
MYLIUS-ERICHEN LAND (GROENLAND - DANEMARK)
© Google Earth Timelapse (Google, Landsat, Copernicus)
Le réchauffement planétaire entraine la fonte de la banquise ainsi que des nappes glaciaires du nord du Groenland, ce qui contribue directement à l'élévation globale du niveau de la mer.
LAS VEGAS (ETATS-UNIS)
© Google Earth Timelapse (Google, Landsat, Copernicus)
Sous nos yeux, la ville de Las Vegas s'étale irrémédiablement dans le désert. La population de la ville et des environs a été multipliée par cinq au cours des 40 dernières années avec l'essor du tourisme et des casinos. Un des défis majeurs de la capitale du Nevada reste à assurer son approvisionnement en eau potable qui dépend à 90% du lac Mead. Or ce lac artificiel voit sa superficie se réduire d'année en année à cause de sécheresses récurentes dûes au réchauffement climatique et aussi aux besoins en eau qui ne cessent d'augmenter.
ATSIMO-ANDREFANA (MADAGASCAR)
© Google Earth Timelapse (Google, Landsat, Copernicus)
Région malgache, située dans la province de Tuléar, dans le sud-ouest de l'île, l'Atsimo-Andrefana a connu une très importante déforestation entre 1984 et 2020, comme le montre parfaitement ces deux photos satellites. Ce phénomène ancien touche touefois l'ensemble de Madagascar, l'un des pays les plus pauvres au monde et classé comme le troisième de la planète le plus exposé aux risques climatiques extêmes. Avec le réchauffement climatique, cette région du sud de la Grande Ile est balayée plus régulièrement par des cyclones et des tempêtes tropicales violentes. De plus frappée par une chaleur extrême comme l'ensemble du grand sud malgache, elle doit faire face depuis 2018 à trois années consécutives de sécheresses qui aggravent durement la situation alimentaire des populations dans la région.