La pandémie de coronavirus fait encore rage dans le monde entier. Si la vaccination a pu commencer dans plusieurs pays, les différents variants qui émergent, notamment au Royaume-Uni, en Afrique du Sud et au Brésil, inquiètent. Mais quelles sont les différences entre ces trois souches ?
Mis à part les lieux où ces variants ont émergé, il existe relativement peu de différences entre eux. Les trois variants sont porteurs de mutations, qui les font diverger de la souche initiale du coronavirus. Les variants britannique, sud-africain et brésilien sont notamment tous les trois porteurs de la mutation N501Y, une mutation de la protéine Spike du virus, qui permet au virus de s’accrocher aux cellules de l’organisme pour les infecter.
«Il n’y a aucune différence quant au pouvoir pathogène. La seule différence qu’il y a, c’est sur la transmissibilité. C’est les mêmes groupes d’âge, c’est la même durée de maladie, c’est la même mortalité, c’est la même sévérité. Tout est pareil, sauf la transmission. Ça vaut pour les trois, britannique, sud-africain et brésilien», explique Bruno Lina, virologue et membre du Conseil scientifique.
Les chercheurs britanniques ont affirmé que le variant découvert au Royaume-Uni était 30% à 70% plus transmissible que la souche initiale du virus. Cette augmentation de la transmissibilité du virus serait sensiblement la même pour le variant sud-africain, aux alentours de 50%, indique le virologue, et des recherches sont en cours à Manaus, au Brésil, pour déterminer ce taux.
Mutation E484K source d'incertitudes
Une différence notable cependant, entre le variant britannique et les variants sud-africain et brésilien : ces deux derniers sont porteurs de la mutation E484K, qui semble capable de diminuer la reconnaissance du virus par les anticorps. «Il peut y avoir une modification de la réponse immunitaire à cause de la mutation E484K, mais ce n’est pas la seule position où les anticorps neutralisants vont se coller, tempère Bruno Lina. On essaye de savoir quelle est la part de la réponse immunitaire qui est portée par cette position 484K.»
Les scientifiques vont devoir faire des analyses sur les patients en convalescence, pour savoir si la réponse immunitaire contre les variants était équivalente ou pas à la réponse immunitaire contre les autres virus. Ils vont aussi examiner des patients vaccinés pour savoir si leur organisme a pu bloquer la multiplication du virus. «C’est des travaux qui sont en cours, et on devrait avoir des réponses sous une dizaine de jours», affirme Bruno Lina.
Pour ces trois variants, une certitude demeure : ils ne sont pas plus dangereux. La mutation N501 affecte seulement la transmissibilité. Les laboratoires BioNTech et Pfizer ont assuré que leur vaccin restait efficace contre cette mutation, qui «ne modifie pas l'antigénicité du virus», rappelle le virologue. En revanche, la mutation E484K pourrait avoir des conséquences sur l’efficacité des vaccins contre les variants porteurs de cette mutation. S’il s’avère que cette mutation altère la réponse immunitaire, les scientifiques pourraient adapter les traitements.