Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme s'est dit «profondémment troublé» par l'arrestation de l'opposant russe Alexeï Navalny et a demandé sa «libération immédiate».
«Nous sommes profondément troublés par l'arrestation d'Alexeï Navalny, et nous appelons à sa libération immédiate et au respect de ses droits à une procédure régulière conformément à l'Etat de droit», a indiqué dans un tweet le Haut-Commissariat, qui est dirigé par Michelle Bachelet.
Le ministère des Affaires étrangères britannique s'est quant à lui dit ce lundi 18 janvier, dans un communiqué, «profondément préoccupé» par l'arrestation d'Alexei Navalny. «C'est effarant qu'Alexey Navalny, victime d'un crime odieux, soit détenu par les autorités russes», a ajouté le ministre des Affaires étrangère Dominic Raab dans un tweet, appelant la Russie à chercher comment «une arme chimique a été utilisée sur (son) sol» plutôt que «de persécuter M. Navalny», dont il appelle à la «libération immédiate».
L'opposant russe Alexeï Navalny, engagé de longue date dans la lutte anti-corruption, est arrivé à Moscou. Son avion, en provenance de Berlin, avait été dérouté mais ce changement de dernière minute ne lui a pas permis d'échapper aux autorités russes qui l'ont arrêté à l'aéroport.
Après avoir survécu à son empoisonnement, le militant russe avait pris l'avion dimanche, sous une nuée de journalistes. Il avait remercié l'Allemagne pour avoir organisé son traitement et sa convalescence. «J'espère que tout va parfaitement se dérouler, aujourd'hui je suis très heureux», avait-il déclaré, après avoir été conduit directement à son avion, avec son épouse Ioulia, par la police allemande par mesure de sécurité.
DES PREMIERES ARRESTATIONS
L'appareil qui transportait Alexeï Navalny s'est posé à Cheremetievo pour tenter de gagner du temps, plusieurs de ses alliés ayant été interpellés à l'aéroport Vnoukovo de Moscou où il devait atterrir initialement. Un proche collaborateur d'Alexeï Navalny, Ivan Jdanov a en effet annoncé un peu plus tôt dans la soirée sur Twitter que «Lioubov Sobol, Rouslan Chaveddinov, Ilia Pakhomov, le juriste Alexeï Molokoïedov, l'assistant de Navalny Ilia Pakhomov, la directrice de campagne Anastasia Kadetova et Konstantin Kotov ont été arrêtés».
Une vidéo diffusée par le média d'opposition MBKh Media montre la police escorter dans le calme plusieurs personnes, dont Lioubov Sobol, qui compte parmi les figures montantes de l'opposition russe. Il avait déjà interpellé il y a plusieurs semaines.
Le collaborateur de Navalny Rouslan Chaveddinov était déjà connu pour avoir été envoyé en service militaire obligatoire dans l'Antarctique en 2019, après une perquisition de l'organisation.
Un autre des comparses arrêtés, Konstantin Kotov, venait tout juste d'être libéré au mois de décembre, après avoir purgé une peine d'un an et demi de prison pour «violation répétée» des règles d'organisation des manifestations.
Konstantin Kotov, the software builder from Moscow, accused to be extremist and charged to 4 years in prison, free at last. Right: Anya Pavlikova, his young wife #canonrussia #moscowtalks #dailyrussianliberals #ef24mm #rakursfiles pic.twitter.com/uewdK42qat
— Peter Kornaukhov (@bio8photos) December 18, 2020
Sa libération avait été saluée par les militants des ONG de défense des droits de l'homme.
MENACE PAR LES LES AUTORITES RUSSES
Depuis que le pire ennemi du président Vladimir Poutine avait annoncé mercredi son intention de rentrer dans son pays, les services pénitentiaires russes (FSIN) l'avaient mis en garde et assuré qu'ils seraient «obligés» de l'arrêter pour avoir violé les conditions d'une peine de prison avec sursis dont il a écopé en 2014. Les autorités avaient menacé de l'arrêter à l'atterrissage, une menace qu'ils ont mis à exécution ce dimanche.
«Vais-je être arrêté? c'est impossible, je suis innocent», avait-il clamé. L'opposant politique de 44 ans avait balayé les manoeuvres qui visent à «l'effrayer», appelant ses opposants à venir l'accueillir à l'aéroport moscovite où son avion doit atterrir à 19h20 (heure locale).