L’opposant russe Alexeï Navalny est parvenu à piéger les services de sécurité russe (FSB) en obtenant des informations sur la tentative d’empoisonnement dont il a été victime fin août.
Alors qu’il est toujours en convalescence dans un lieu tenu secret en Allemagne, Alexeï Navalny -accompagné de son équipe - est parvenu à se faire passer pour un assistant du Secrétaire du Conseil de sécurité russe Nikolaï Patrouchev lors d’une conversation téléphonique avec un agent russe du FSB, Konstantin Koudravtsev. La scène a été filmée et diffusée sur le blog de Navalny.
Au cours de la conversation, l’agent secret, un spécialiste des armes chimiques, a raconté comment l’opposant avait été empoisonné.
Il a ainsi expliqué que le poison, du Novichok, avait été appliqué sur les slips de Navalny, dans une chambre d’hôtel où il séjournait à Tomsk (Sibérie). Plus précisément, le Novichok a été apposé au niveau des coutures intérieures et extérieures des sous-vêtements, avec une attention particulière sur la zone de l’entrejambe.
Si l’empoisonnement par le slip peut faire sourire, la méthode semble redoutable. Des toxicologues interrogés par CNN, qui enquête avec plusieurs médias sur l’affaire, expliquent que sous sa forme solide ou granulaire, le Novichok est absorbé par la peau dès lors que la victime commence à transpirer.
Le pilote de l'avion lui a sauvé la vie
L’agent Koudravtsev a par ailleurs indiqué que Navalny a eu la vie sauve grâce à la réactivité du pilote de l’avion. L’opposant se trouvait en effet en plein vol en direction de Moscou lorsqu’il a commencé à faire un malaise, sous l’effet du poison. Le pilote de l’avion avait pris la décision d’atterrir en urgence à Omsk pour le faire hospitaliser. Une décision qui a finalement sauvé la vie du leader de l’opposition russe. «S’il avait volé un peu plus longtemps, peut-être que tout se serait déroulé autrement», a ainsi souligné l’agent du FSB.
Ce dernier a également expliqué comment il avait été envoyé sur place pour détruire les preuves, notamment sur les vêtements que portaient Navalny ce jour-là.
Depuis la diffusion de l’enregistrement sur le site de l’opposant, les autorités russes dénoncent une «falsification». A plusieurs reprises, ces derniers ont nié toute participation dans la tentative d’empoisonnement. Le 17 décembre dernier, Vladimir Poutine, interrogé sur l’affaire, avait par ailleurs lâché une phrase lourde de sous-entendus : «Si on l’avait voulu, l’affaire aurait été menée à son terme».