Avant de passer le flambeau, le président américain Donald Trump a souhaité gracier certains de ses proches et collaborateurs. Il a notamment accordé le pardon présidentiel à quatre salariés de la société privée Blackwater, pourtant condamnés pour meurtres de civils en Irak. Des experts de l’ONU dénoncent «un affront à la justice».
Ces quatre employés américains de Blackwater, une entreprise de sécurité, ont été reconnus coupable de crime de guerre, ayant participé à une fusillade sur une place de Bagdad en 2007, au cours de laquelle 14 civils non-armés ont été tués. Un scandale international qui avait accru la défiance de l’Irak envers les États-Unis. Les quatre individus avaient plaidé la légitime défense lors de leur procès, mais avant tous été condamnés à de lourdes peines de prison, allant de 30 ans la perpétuité.
La Maison blanche a justifié ces grâces car ces quatre individus avaient «un long passé de service à la nation». Mais l’Organisation des Nations Unies ne l’entend pas de cette oreille. «Grâcier les employés de Blackwater est un affront à la justice, aux victimes du massacre de la place Nisour et à leurs familles», estime Jelena Aparac, à la tête du groupe de cinq experts des droits de l’homme de l’organisation.
Des «armées privées»
«La Convention de Genève fait obligation aux États de tenir les criminels de guerre responsables de leurs actes, même quand ils agissent comme employés d'une société de sécurité privée», a-t-elle précisé. «Ces grâces violent les obligations des États-Unis en vertu du droit international et, plus largement, portent atteinte au droit humanitaire et aux droits de l'homme au niveau mondial.»
L’entreprise Blackwater, souvent désignée comme une «armée privée», ainsi que d’autres sociétés du secteur sont soupçonnées d’effectuer des missions pour le compte des États. Ce qui les laisserait agir «en toute impunité», selon les experts.
Blackwater (qui n'existe plus aujourd'hui) avait par ailleurs été fondée par Eric Prince, un grand partisan du président républicain, qui est aussi le frère de sa ministre de l'Éducation.
Fin décembre, Donald Trump a gracié une quinzaine de ses proches, et notamment des personnalités mises en cause dans l’affaire de l’ingérence russe lors de l’élection présidentielle de 2016. Des grâces à tour de bras qui ont suscité l’indignation chez ses opposants démocrates.