Alors qu'il ne reconnaît toujours pas sa défaite à l'élection présidentielle, Donald Trump s'est attribué le mérite de la découverte de vaccins contre le coronavirus.
«Un autre vaccin vient juste d'être découvert. Il a été conçu par le laboratoire Moderna, et il est efficace à 95%. Que tous les grands "historiens" se rappellent que ces formidables découvertes, qui mettront fin au virus chinois, se sont faites sous ma surveillance !», a-t-il tweeté ce 16 novembre.
Another Vaccine just announced. This time by Moderna, 95% effective. For those great “historians”, please remember that these great discoveries, which will end the China Plague, all took place on my watch!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) November 16, 2020
Donald Trump fait référence au candidat vaccin de Moderna. Celui-ci était jusqu'ici en phase 3, c'est-à-dire testé sur des milliers de volontaires. Dans un communiqué publié ce 16 novembre, le laboratoire a annoncé que son vaccin était efficace à 94,5%.
Via cette annonce, Moderna prend la suite de la société pharmaceutique Pfizer, qui avait estimé le 9 novembre l'efficacité de son candidat vaccin à 90%. Pfizer comme Moderna sont des firmes américaines. De quoi flatter l'ego de Donald Trump.
Un thème récurrent chez TRUMP
Trump a-t-il raison de s'autoféliciter ? Il est vrai que, depuis avril, où il suggérait qu'ingérer du désinfectant pouvait guérir du coronavirus, Donald Trump a fait du chemin.
Peut-être un peu trop. Le vaccin contre le Covid-19 est devenu le point central de sa campagne. D'ailleurs, selon certains membres de l'administration américaine, dont les propos sont rapportés par le Washington Post, «pas grand chose d'autre n'attire son attention».
Dans ses meetings, Donald Trump a ainsi martelé qu'un vaccin serait trouvé avant la fin de l'année. Cet objectif a même été inscrit dans le programme présidentiel.
Pour le remplir, tous les moyens sont bons. L'administration Trump a lancé au printemps le «Warp Speed» («Vitesse grand V», en français), une vaste opération dotée d'un fonds de 10 milliards de $. L'objectif est de nouer des partenariats entre le gouvernement fédéral et les laboratoires afin d'accélérer la recherche d'un vaccin.
Operation Warp Speed has provided about $2 billion in funding and operational support for development, manufacturing, and eventual potential delivery of the Moderna/NIH vaccine.
— Secretary Alex Azar (@SecAzar) November 16, 2020
Une implication gouvernementale que n'a pas manqué de souligner Alex Azar, le secrétaire à la Santé. «L'opération Warp Speed a fourni 2 milliards de $ pour le développement, la fabrication et la livraison éventuelle du vaccin Moderna / NIH», a-t-il tweeté.
Un enjeu politique
Tout cet investissement (et cette publicité) peut paraître étrange. Donald Trump n'a jamais été un grand supporter des vaccins. Il y a quelques années, il les soupçonnait même d'être la cause de l'autisme, rappelle le New York Times.
Dès lors, comment expliquer ce revirement ? Selon Benjamin Toll, professeur de sciences politiques à l'université Wilkes (Pennsylvanie), il s'agit surtout d'un enjeu politique. «Le président avait prévu d'axer ses discours sur ses bons résultats en matière économique, avec un taux de chômage bas et la croissance», a-t-il expliqué à franceinfo. Le coronavirus ayant «tout bousculé», Donald Trump s'est reporté sur le vaccin.
Les annonces de Pfizer et de Moderna seraient donc un moyen pour lui d'asseoir sa légitimité politique. Pas sûr pour autant qu'elles lui permettent de conserver son siège à la Maison Blanche.
Donald Trump continue de revendiquer la victoire à l'élection présidentielle, alors que les cabinets d'avocats le lâchent peu à peu. La bataille qui l'oppose à Joe Biden semble terminée.
Il pourrait donc y avoir, comme l'a promis Donald Trump, un vaccin disponible avant la fin de l'année. Mais sans lui.