La biodiversité en danger. Selon une vaste étude internationale publiée mercredi, 40 % des espèces de plantes sont menacées d'extinction, en premier lieu à cause de la destruction de leur milieu naturel.
Ce sont pas moins de 140.000 espèces qui sont en danger, d'après cet état des lieux mondial des plantes et champignons publié par les Jardins botaniques royaux de Kew (Royaume-Uni), compilant les travaux de 210 chercheurs issus de 42 pays. C'est quasiment deux fois plus que l'estimation scientifique parue il y a quatre ans (21 %).
L'agriculture constitue la principale cause d'extinction des plantes, en participant à la destruction de leur habitat naturel. Parmi les autres facteurs cités par le rapport figurent la surexploitation des ressources biologiques, la construction de complexes résidentiels et commerciaux, les espèces invasives, la pollution ou encore le réchauffement climatique.
NEW REPORT: Now, more than ever before, we need to explore the solutions that plants and fungi could provide to the global challenges we face
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«C'est une représentation très inquiétante du risque et du besoin urgent d'agir», alerte le directeur des sciences des Jardins botaniques royaux de Kew, le professeur Alexandre Antonelli, cité par la BBC. «Nous perdons la course contre le temps parce que le rythme de disparition des espèces est plus rapide que celui de leur découverte», ajoute-t-il.
Il s'agit d'une perte majeure pour l'humanité, estime-t-il, car de nombreuses plantes «pourraient contenir des indices importants pour résoudre certains des défis les plus urgents de la médecine et même peut-être des pandémies émergentes et actuelles que nous vivons aujourd'hui», faisant notamment référence au Covid-19.
Le salut de l'humanité ?
Mais jusque-là, regrette Alexandre Antonelli, le potentiel des plantes est resté largement inexploité. Le rapport révèle en effet que seule une petite proportion des plantes connues est utilisée comme médicaments, aliments ou biocarburants. Quinze plantes fournissent 90 % des calories mondiales, alors que 7.000 espèces comestibles ont été recensées. Et il existe 2.500 plantes qui pourraient fournir de l'énergie à des millions de personnes à l'avenir, contre seulement six aujourd'hui utilisées pour produire la grande majorité des biocarburants.
La sauvegarde de la biodiversité, souvent éclipsée dans les débats par la lutte contre le réchauffement climatique, est donc plus que jamais vitale selon cette étude. Après que l'ONU a récemment annoncé qu'aucun des 20 objectifs de protection de la nature, sur lesquels s'étaient engagés 190 pays en 2010, n'avait été tenu, une soixantaine d'Etats ont signé lundi un texte promettant la mise en œuvre d'«actions immédiates» pour stopper les atteintes aux écosystèmes.
Mercredi, un sommet virtuel des Nations unies sur la biodiversité, le premier de l'histoire, n'a pas permis d'avancées concrètes. Elles sont espérées pour la COP15 sur la biodiversité, qui doit se tenir en Chine fin 2021.