Ce sera tout simplement le plus haut salaire minimum du monde. A partir du 17 octobre prochain, le Smic applicable dans le canton de Genève, en Suisse, va passer à près de 4.000 euros par mois pour 41 heures hebdomadaires de travail.
A la surprise générale, les 500.000 électeurs du canton suisse ont en effet dit oui à cette proposition syndicale, dimanche 27 septembre, contredisant au passage les préconisations du parlement local, et alors même que cette réforme avait déjà été refusée à deux reprises, en 2011 et 2014.
Dans le détail, le texte soumis au vote par les syndicats prévoit ainsi une rémunération de 23 francs suisses de l'heure, soit 22,50 euros. C'est près de 2,5 fois plus élevé de ce qui se fait en France, où le Smic horaire brut est à 10,15 euros, soit 1.539,42 euros mensuels.
D'après Le Dauphiné, ce feu vert donné par les électeurs suisses, réputés pourtant pour leur prudence et leur pragmatisme, s'explique par la conjoncture économique actuelle très particulière.
La crise du Covid a changé la donne
Au printemps, avec l'épidémie de coronavirus, les Suisses ont en effet découvert l'envers des banques et des hôtels de luxe de Genève, avec ses nombreux travailleurs pauvres qui n'ont pas eu d'autre choix que de se tourner vers l'aide alimentaire pour survivre et qu'ils venaient récupérer dans des files d'attente, parfois longues d'un kilomètre.
La réforme va donc profiter en priorité à ces 30.000 salariés précaires, dont beaucoup sont des femmes.
Bien sûr, vu de France, ce salaire semble très élevé mais il est à mettre en relief du coût de la vie particulièrement élevé en Suisse.
En revanche, les travailleurs frontaliers avec des bas salaires, forment à coup sûr les grands gagnants de la réforme. Du moins pour ceux qui ont pu garder leur emploi. Crise du Covid oblige, plusieurs dizaines de milliers de travailleurs de Genève sont en en effet encore au chômage partiel.