Un petit groupe de pays riches, représentant 13 % de la population mondiale, a déjà réservé la moitié (51 %) des futures doses de vaccins contre le coronavirus, selon un rapport publié mercredi par l'ONG Oxfam, qui souhaite qu'un vaccin soit disponible pour tous.
L'Union européenne, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le Japon, Hong Kong, Macao, l'Australie, la Suisse et Israël ont d'ores et déjà signé de gros contrats d'approvisionnement avec les cinq principaux fabricants en phase finale d'essais cliniques (phase 3), pour une quantité totale de 2,7 milliards de doses, sur les 5,3 milliards déjà pré-commandées dans le monde. Les 2,6 milliards de doses restantes ont été achetées ou promises à des pays en développement, notamment la Chine, l'Inde (où se trouve le grand fabricant Serum Institute of India), le Brésil, le Mexique, l'Indonésie et le Bangladesh.
UPDATE: A small group of rich nations - representing just 13% of world population - have bought up MORE THAN HALF the supply of leading #COVID19 vaccine contenders.
Time for a #PeoplesVaccine - free for everyone, everywhere.
https://t.co/rEBmLdd7h9 pic.twitter.com/DS1igItxGj— Oxfam International (@Oxfam) September 17, 2020
En réservant auprès de plusieurs fournisseurs des centaines de millions de doses de vaccins, avant même que l'un d'eux ne soit mis sur le marché, ces pays souhaitent augmenter leurs chances d'avoir d'un remède efficace, et pouvoir en disposer le plus rapidement possible. Les Etats-Unis de Donald Trump (330 millions d'habitants) ont ainsi pré-acheté un total de 800 millions de doses auprès de six fabricants, et l'Union européenne (450 millions d'habitants) a au moins commandé 1,5 milliard de doses, selon un décompte de l'AFP.
Le groupe AstraZeneca, partenaire de l'université d'Oxford, est le fabricant à avoir signé le plus de ces contrats de façon publique, mais Sanofi, Pfizer, Johnson & Johnson, la biotech américaine Moderna, le laboratoire chinois Sinovac et l'institut russe Gamaleïa ont aussi pré-vendu des centaines de millions de doses dans le monde, parfois sous la forme de partenariats avec des fabricants locaux.
Deux tiers des pays sur le carreau
L'ONG internationale Oxfam, qui lutte contre les inégalités et la pauvreté, juge que ce système est à revoir. En effet, selon ses calculs, «même dans le cas extrêmement improbable où les cinq vaccins réussissent, près des deux tiers (61 %) de la population mondiale n'auront pas de vaccin avant au moins 2022», affirme-t-elle dans un communiqué. Elle réclame donc «un vaccin populaire accessible à tous, gratuit et distribué équitablement en fonction des besoins».
«Cela ne sera possible que si les sociétés pharmaceutiques autorisent la production de vaccins aussi largement que possible en partageant librement leurs connaissances sans brevets, au lieu de protéger leurs monopoles et de vendre au plus offrant», indique-t-elle. «L'accès vital aux vaccins ne doit pas dépendre d'où on habite ni de l'argent qu'on a», clame Robert Silverman, un responsable d'Oxfam.
Cette volonté de garantir un accès juste et équitable au(x) futur(s) vaccin(s) contre le Covid-19 est partagée par de nombreux pays et organisations internationales. Un mécanisme de mutualisation internationale, appelé Covax et codirigé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a aujourd'hui le soutien de 172 pays, et a vu l'Union européenne contribuer à hauteur de 400 millions d'euros fin août. Mais il est boycotté par les Etats-Unis, réduisant sa portée et ses financements.