La situation est confuse au Mali. Alors que le pays est plongé en pleine crise sociopolitique, des rumeurs de coup d'Etat se font entendre.
En cause ? Des coups de feu entendus dans le grand camp militaire de la ville-garnison de Kati, proche de la capitale Bamako, l'endroit même d'où était parti le coup d'Etat de 2012, qui avait précipité la chute du nord du pays aux mains de groupes islamistes armés. Sur place, certains témoins parlement de mutinerie, évoquent l'arrestation de plusieurs responsables, assurant même que le Premier ministre Boubou Cissé serait entre les mains des militaires.
A #Bamako la situation est explosive. Une mutinerie aurait cours au camp de Kati en périphérie de la ville où des coups de feu ont été entendus. Les employés des ministères ont eu ordre de rentrer chez eux. Les ambassades sont en alerte, craignant un coup d'Etat #Mali
— Matteo Maillard (@matteomaillard) August 18, 2020
«Nous suivons avec inquiétude l'évolution de la situation aujourd'hui au Mali, a de son côté déclaré Peter Pham, l'émissaire américain pour le Sahel, sur son compte Twitter. Les Etats-Unis s'opposent à tout changement extra-constitutionnel de gouvernement, que ce soit par ceux qui sont dans la rue ou par les forces de défense et de sécurité.»
Officiellement pourtant, rien de tout cela n'a été confirmé, et les raisons de ces tirs nourris restent inconnues. Signe des tensions en cours dans la capitale, l'ambassade de France au Mali recommande toutefois sur ces réseaux de «rester chez soi».
— La France au Mali (@FranceauMali) August 18, 2020
Le président dans le viseur
Ces rumeurs de coup d'Etat ne sortent pas de nulle part. Elles arrivent dans un contexte tendu au Mali, où le pouvoir est pointé du doigt depuis des semaines. Une situation qui trouve naissance en mars-avril, lorsque la Cour constitutionnelle a invalidé une trentaine de résultats des législatives, dont une dizaine en faveur du président Ibrahim Boubacar Keïta.
Depuis, l'opposition - qui regroupe aussi bien des personnalités politiques que religieuses ou de la société civile - est vent debout et réclame le départ d'«IBK». Et ce n'est pas la tentative de médiation menée par les pays d'Afrique de l'ouest, et dirigée par l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, qui a pu apaiser les tensions.
Avant d'envisager une quelconque négociation avec le pouvoir, le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques du Mali (M5-RFP), qui mène la contestation, a fixé comme préalable la fin de la «répression» contre ses militants.