Certains géants pétroliers américains, mais également gaziers, soutiennent financièrement les services de police américains à travers les fondations créées par ces derniers.
C'est ce que révèle une enquête du centre de recherche américain classé à gauche Public Accountability Initiative, basée sur les données de son projet LittleSis, publiée ce lundi 27 juillet. Elle fait la liste des liens entre les entreprises du secteur des énergies fossiles, qui font partie des plus grands pollueurs du monde, et les polices américaines : sponsoring, financement d'événements ou de galas, ou encore nomination de membres de ces sociétés à des postes de direction des fondations policières.
Par exemple, elle montre que Chevron, une multinationale pétrolière et gazière, finance la police de la Nouvelle-Orléans, de Houston et de Salt Lake City. De son côté, Shell, l'une des plus grandes sociétés du secteur des énergies fossiles, soutient financièrement la police de la Nouvelle-Orléans et de Houston. Quant à Marathon Petroleum, la plus grande firme de raffinage du pétrole des Etats-Unis, elle est derrière la police de Détroit.
Ces dons passant principalement par des fondations policières privées, qui ont émergé dans les années 1970 pour fournir des fonds supplémentaires aux services de police, sont difficiles à tracer. Il y a peu de contrôles sur la provenance de cet argent ainsi que sur la façon dont il est dépensé. Selon l'enquête de l'organisation Public Accountability Initiative, il est principalement utilisé par les polices pour acheter des armes, des équipements et des technologies de surveillance.
L'industrie des énergies fossiles, «un ennemi commun»
Un constat qui fait dire aux auteurs du rapport, très critiques sur les violences policières aux Etats-Unis, que les mouvements environnementaux et antiracistes ont «un ennemi commun» : l'industrie des combustibles fossiles. «Bon nombre de puissantes sociétés pétrolières et gazières (...), qui sont à l'origine de l'injustice environnementale, sont également des soutiens des mêmes services de police qui tyrannisent les communautés que ces entreprises polluent», dénoncent-ils, rappelant les inégalités raciales concernant la pollution et les violences policières.
Un homme noir aux Etats-Unis a en effet 2,5 fois plus de risques d'être tué par la police au cours de sa vie qu'un homme blanc (1,4 fois plus du côté des femmes), selon une étude publiée dans la revue PNAS en août 2019. Dans le même temps, les Afro-Américains sont 56 % plus exposés à la pollution par rapport à leur consommation (63 % pour les Hispaniques), quand c'est 17 % de moins pour les Blancs, a révélé une autre étude parue dans PNAS en mars 2019.