Une percée potentielle dans la recherche sur le VIH. Un Brésilien, porteur du virus du sida en rémission depuis plus d'un an, pourrait être le premier patient adulte à guérir de la maladie sans avoir eu besoin d'une greffe de moelle osseuse.
Ce cas a été présenté à la 23e conférence internationale sur le sida, pour la première fois entièrement tenue en ligne du 6 au 10 juillet, en raison de la pandémie de Covid-19.
Le «patient de Sao Paulo», âgé de 34 ans au moment du début de l'étude et dont le nom n'a pas été divulgué pour protéger sa vie privée, a été diagnostiqué comme porteur du VIH en 2012. Dans le cadre de l'essai clinique, il a reçu plusieurs médicaments antiviraux puissants, notamment du maraviroc (dont le nom commercial est Celsentri) et du dolutégravir (Tivicay), ajoutés à des doses de nicotinamide (une forme de vitamine B3), pour voir si cette combinaison pouvait l'aider à éliminer le virus.
Après avoir arrêté son traitement en mars 2019, il a été testé toutes les trois semaines. Au bout de plus de 57 semaines, il est resté négatif au test de détection d'anticorps anti-VIH. «Nous ne sommes pas en mesure de détecter le virus et il perd la réponse spécifique au virus : si vous n'avez pas d'anticorps, vous n'avez pas d'antigène» (pas de virus, NDLR), explique à l'AFP Ricardo Diaz, expert en maladies infectieuses à l'université de Sao Paulo, qui a dirigé cette étude.
Des résultats «très préliminaires»
«Bien qu'il s'agisse encore d'un cas isolé, cela pourrait représenter la première rémission à long terme du VIH sans myéloablation/greffe de cellules souches», écrivent les chercheurs dans leur étude. En effet, jusque-là, seulement deux hommes - baptisés patients «Berlin» et «Londres» - ont semble-t-il guéri du virus. Mais c'était à chaque fois après avoir subi une greffe de moelle osseuse à haut risque pour traiter un cancer.
Pour le docteur Monica Gandhi, spécialiste du sida à l'Université de Californie à San Francisco, interrogée par Associated Press, ces résultats sont «intéressants» mais «très préliminaires». «Cela est arrivé à une personne, et une personne seulement», et cela n'a pas fonctionné avec les quatre autres personnes ayant suivi le même traitement, ni avec les 30 autres ayant testé des approches comparables, souligne-t-elle.
Selon le docteur Diaz, le mode de traitement de son équipe nécessite effectivement des recherches supplémentaires, pour déterminer si des résultats similaires peuvent être observés chez d'autres patients et poursuivre le suivi de la rémission du «patient de Sao Paulo». Une nouvelle étude sur 60 personnes a déjà été approuvée, a affirmé l'infectiologue, parrainée par des subventions du gouvernement brésilien et ViiV Healthcare, une entreprise britannique qui fabrique du maraviroc. Une lueur d'espoir pour les quelque 40 millions de personnes dans le monde vivant actuellement avec le VIH, toujours contraints de prendre un traitement à vie.