Dans un entretien au Journal du Dimanche, ce 21 juin, la chercheuse Françoise Barré-Sinoussi, à la tête du Comité analyse recherche et expertise (Care), confie ses craintes sur la gestion sanitaire de l'épidémie du VIH-sida dans le monde.
«Je crains une catastrophe. Nous avons du annuler notre week-end du Sidaction, notre principal évènement de collecte de dons. Il manque près de 4 millions d'euros de budget. Ca pourrait nous empêcher de financer des programmes de recherche ou des actions d'aide et de prévention», explique l'éminente virologue, qui a reçu un Prix Nobel de médecine en 2008 pour avoir participé à la découverte du virus du VIH à l'Institut Pasteur, à Paris.
La médecin lance un «appel aux dons» pour continuer à pouvoir soutenir les malades atteints du VIH-Sida dans le monde. En Afrique subsharienne, le nombre de décès liés au sida pourrait grimper de 470 000 victimes à 1 million, selon une estimation de ONUSIDA.
«La société a recentré son attention sur l'épidémie [du Covid-19] en oubliant le VIH, la tuberculose, le paludisme, les cancers...», alerte-t-elle, observant que «la crise a rendu difficile l'accès aux rétroviraux». Les perturbations liées au Covid-19 ont entraîné «des ruptures de stocks de médicaments, des retards de dépistage et une levée de pied sur la prévention».
UNE DEUXIEME VAGUE probable
Interrogée sur le scénario d'une deuxième vague en France, la virologue a répondu qu'elle y «croyait».«Dans les magasins, la moitié des gens seulement portent des masques. Le déconfinement s'accélère et les comportements se relâchent», estime-t-elle. La meilleure connaissance du SARS-CoV-2 devrait toutefois permettre de mieux contrôler la diffusion du virus dans le pays.