Une croix bleue parsemée d'étoiles sur un fond rouge. Le drapeau confédéré américain est au centre des discussions ce 11 juin après la décision des dirigeants du Nascar de l'interdire sur leurs événements, car jugé raciste et faisant l'apologie de l'esclavage.
Utilisé pendant la guerre de Sécession (1861-1865), il représentait le camp des Etats américains refusant l'abolition de l'esclavage face au gouvernement américain. Mais plus de 150 ans plus tard, il est toujours largement utilisé par une partie de la population aux Etats-Unis. L'interprétation de ce symbole, selon à qui l'on pose la question, peut varier, et il en va de même pour les statues d'officiers confédérés, ou les bases militaires qui portent leurs noms.
Ceux qui les utilisent affirment qu'il ne représente qu'une partie de l'histoire du Sud du pays, dont il ne faut pas avoir honte. Le drapeau du Mississippi possède d'ailleurs toujours une croix confédérée, mais cela pourrait changer dans les prochaines semaines. Ceux qui veulent les bannir expliquent qu'ils sont une manière détournée de prôner le racisme.
How long before Mississippi updates its state flag? pic.twitter.com/DHIhe9iLEY
— José (@josecanyousee) June 10, 2020
Et pour cause, pendant les marches et manifestations de suprémacistes blancs, il faut reconnaître que le drapeau est toujours présent et très utilisé. C'est d'ailleurs pour cela qu'à Charlottesville en 2015, après un rassemblement de la sorte et la tuerie de Charleston qui avait fait 9 morts dans une église d'une communauté noire, des milliers de personnes avaient demandé que la bannière soit retirée du capitole de la Caroline du Sud. Une demande qui avait été finalement entendue, mais qui n'avait pas fait l'unanimité. Chaque année, un petit groupe de protestataires vient pour le remettre temporairement en place.
Des futures promesses de campagne ?
Aujourd'hui, avec la mort de George Floyd, le débat est reparti de plus belle. Mais au-delà de l'utilisation par des personnes, racistes ou non, des symboles confédérés, c'est l'hommage à des personnalités qui ont obtenu une carrière et une renommée grâce à l'esclavage que les militants combattent. Des mouvements comme Black Lives Matter, qui se battent pour que les Noirs américains obtiennent une réelle égalité de traitement dans la société, ne peuvent entendre que des statues d'esclavagistes soient toujours en place dans certaines villes, voire des lieux publics comme le Capitole à Washington D.C.
D'autres avancent un argument différent, qui ne touche pas directement au racisme, pour obtenir le même résultat. En effet, les troupes confédérées se battaient contre l'armée américaine. Certains médias comme The Hill ou le Washington Post n'hésitent donc pas à parler des généraux de cette armée comme des traîtres à la nation, et non pas les patriotes qui sont décrits aujourd'hui par une frange de la population. Il faut cependant noter que le débat concernant statues et hommage n'existe pas seulement pour les confédérés, mais également pour les personnalités historiques reliées à l'esclavage comme Christophe Colomb.
Il semblerait qu'avec l'ampleur du mouvement Black Lives Matter ces dernières semaines, les dirigeants politiques soient cependant plus enclins qu'il y a quelques années à se débarrasser de ces symboles. Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants au Congrès, s'est par exemple dite favorable à la disparition des statues de confédérées.
En revanche, Donald Trump a clairement montré son opposition au changement de nom des bases militaires qui portent les patronymes des généraux sudistes. Le débat pourrait donc s'intensifier dans les prochaines semaines et mois, et devenir un véritable argument de campagne pour la présidentielle, mais aussi pour les élections au niveau des Etats qui ont lieu dans le même temps.