Des statues de marchands d'esclaves ont été déboulonnées et renversées durant les manifestations contre le racisme aux Etats-Unis et en Angleterre.
A Bristol (Royaume-Uni), des cordes ont été utilisées pour renverser la statue de bronze d'Edward Colston, négrier du XVIIe siècle. D'après la BBC, il était membre de la Royal African Company, qui aurait transporté environ 80.000 hommes, femmes et enfants d'Afrique vers les Amériques.
This happened a few moments ago.
The Edward Colston statue has been pulled down. pic.twitter.com/E0BUxVHonc— BBC Radio Bristol (@bbcrb) June 7, 2020
#Bristol statue of Edward Colston has been pulled down and pushed into the harbour during the #BlackLivesMattter march pic.twitter.com/ME1yxAhw7G
— BBC Radio Bristol (@bbcrb) June 7, 2020
La statue de Colson a ensuite été transportée et jetée dans la rivière Avon. Le socle a ensuite été utilisé comme une scène par les manifestants afin de prononcer leurs discours.
En Belgique, la statue de Léopold II qui se trouvait dans le jardin du Musée de l'Afrique, à Tervuren, a été vandalisée. Il est notamment reproché au souverain belge son «règne de terreur au Congo au XIXe siècle», a rapporté Le Soir. Des oeuvres à son effigie ont aussi été endommagées à Hal, Ostende et Ekeren.
A Richmond (Virginie), celle de Williams Carter Wickham, un important général américain de l'armée des Etats confédérés, a été mise à terre par des manifestants dans la soirée du samedi 6 juin.
Comme plusieurs dizaines d'autres villes aux Etats-Unis, la capitale de l'Etat de Virginie, est secouée par des manifestations, parfois violentes, provoquées en réaction à la mort de George Floyd, un Afro-Américain mort étouffé le 25 mai dernier sous le genou d'un policier blanc.
Plusieurs images, abondamment relayées sur les réseaux sociaux, montraient ainsi la statue du général confédéré à terre, une corde attachée autour du cou.
The statue of Confederate General Williams Carter Wickham in Monroe Park lays beside its base, covered in paint. pic.twitter.com/D6EgslhpS7
— The Commonwealth Times (@theCT) June 7, 2020
Le média local Richmond Times-Dispatch, cité notamment par l'agence de presse américaine Associated Press, a précisé que de la peinture rouge avait été lancée sur la statue et que l'un des manifestants aurait également uriné dessus, une fois la sculpture tombée au sol.
Au lendemain du saccage, une porte-parole de la police de Richmond indiquait qu'elle n'était à ce stade pas en mesure de dire s'il y avait eu des arrestations, ni même si les dommages causés à la statue de Williams Carter Wickham étaient réversibles.
Né en 1820 et mort en 1888, Williams Carter Wickham était un général de cavalerie qui a combattu lors des campagnes de Virginie pour les Etats confédérés d'Amérique lors de la guerre de Sécession.
The statue of Confederate General Williams Carter Wickham in Monroe Park was pulled to the ground tonight. @8NEWS pic.twitter.com/nkC2LBAhr4
— Tyler Thrasher 8News (@TylerJThrasher) June 7, 2020
Survenue entre 1861 et 1865, la guerre de Sécession est une guerre civile américaine née de la volonté du président américain Abraham Lincoln, élu en 1860, de mettre un terme à l'esclavage (l'esclavage sera finalement aboli aux Etats-Unis le 1er janvier 1863). Ce conflit a opposé les Etats américains dits de «l'Union», majoritairement abolitionnistes, aux Etats confédérés, esclavagistes.
Des symboles controversés du sud esclavagiste
La statue du général Williams Carter Wickham fait partie des centaines de monuments rendant hommage à la mémoire des soldats confédérés tués pendant ce sanglant conflit de quatre ans.
Depuis plusieurs années ces symboles controversés du Sud esclavagiste sont au coeur de vives polémiques, voire d'une guerre idéologique, entre ceux qui veulent les voir retirés et ceux qui veulent les maintenir coûte que coûte en place.
Preuve que le sujet est ultra-sensible, certains descendants du général Wickham avaient eux-mêmes demandé en 2017 le retrait de la statue de leur aïeul, installée au coeur du parc Monroe, à Richmond, depuis 1891.
La situation est même devenue très brûlante ces dernières années, surtout après les événements tragiques de Charlottesville en 2017.
Située à une heure de route de Richmond, également en Virginie, Charlottesville avait été le théâtre, le 12 août 2017, d'une attaque à la voiture-bélier lors d'une manifestation organisée dans le but de maintenir la statue équestre d'un autre général, le général Lee, dans un parc de la ville.
L'attaque perpétrée par James Alex Fields, un jeune homme de 20 ans, avait tué Heather Heyer, une assistante juridique de 32 ans, également blanche, et blessé vingt autres personnes.
Si la statue du général Lee est toujours en place à Charlottesville, la semaine dernière, Ralph Northam, le gouverneur de Virginie, a fait savoir que celle située à Richmond allait, en revanche, être retirée «dès que possible».
La statue du général Lee de Richmond fait d'ailleurs partie d'un ensemble de cinq monuments confédérés situés le long de Monument Avenue, un quartier historique de la ville.
Un lieu qui, ces derniers jours, a été l'un des points de ralliement lors des manifestations à la mémoire de George Floyd et où des messages appelant à «mettre fin aux violences policières» et à «arrêter la suprématie blanche» ont été découverts.
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