Depuis les événements de Charlottesville, la question de la présence de centaines de statues à la mémoire des confédérés a été relancée dans l'ensemble du pays. Nombre d'entre elles ont été déboulonnées.
Au grand dam de Donald Trump, qui estime que la culture américaine est mise à mal.
«Triste de voir l'histoire et la culture de notre grand pays mises en pièces par le retrait de nos magnifiques statues et monuments» a tweeté le président quelques jours plus tôt.
Sad to see the history and culture of our great country being ripped apart with the removal of our beautiful statues and monuments. You.....
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 17 août 2017
Des Etats divisés
Héritage ambigu de la Guerre de Sécession, ce débat sur le retrait ou non de ces monuments en hommage à la confédération d'États du Sud, oppose ceux qui y voient les stigmates du racisme et de l'esclavagisme, et ceux qui disent percevoir une preuve de résistance face au pouvoir fédéral, fustigeant une attitude révisionniste. Plus de 150 ans ont passé, depuis la fin de la guerre civile, mais ces statues continuent de diviser.
Pourtant, la majeure partie de ces statues n'ont pas été érigées à la fin de la guerre civile, rappelle l'Express. «Dans la plupart des cas, préserver l'histoire n'était pas l'objectif véritable de ces installations», explique à nos confrères Richard Cohen, président du Southern Poverty Law Center (SPLC), spécialisé dans les mouvements extrémistes et les droits civiques. «C'est un signe de provocation qui affiche une hostilité envers la société multiculturelle», abonde André Kaspi, historien des États-Unis.
Rien de nouveau puisqu'en 2015 déjà, le meurtre de neuf Noirs dans l'église de Charleston (Caroline du Sud) avait mis en cause le drapeau confédéré, qui flotte dans de nombreux États. Dylann Roof, 22 ans, avait criblé ses victimes de 77 balles. Sur certaines photos rendues publiques après le drame, il est aperçu brandissant cet emblème sudiste.
Le refus d'honorer la mémoire des pro-esclavage
Depuis, plusieurs villes ont décidé de se débarrasser de leur passé esclavagiste. Baltimore (Maryland) a déboulonné quatre monuments, Brooklyn (New-York) s'est séparée de deux plaques, Austin (Texas) a fait disparaître Robert Lee et Albert Sidney Johnston, énumère Libération.
«C'est fait», a commenté Catherine Pugh, maire de Baltimore, une ville de 600.000 habitants qui se trouve à 80 kilomètres de Washington. «Il fallait qu'elles soient enlevées. Je m'inquiète pour la sécurité de notre population. Nous avons fait aussi vite que nous avons pu», a-t-elle déclaré au Baltimore Sun, expliquant que l'opération avait débuté aux alentours de 23h30 (3h30 GMT) mardi 15 août, pour s'achever six heures plus tard.
A Durham (Caroline du Nord), des manifestants ont mis à terre la statue d'un soldat confédéré, à Birmingham (Alabama), le maire a décidé de dissimuler le monument confédéré derrière des planches en bois, précise le quotidien. A Gainesville (Floride) : «Old Joe» a été confié à l’association des Filles unies de la Confédération. Même chose dans le Tennessee. Cet état du sud des Etats-Unis veut en finir avec l'un des membres fondateurs du Ku Klux Klan. «Ce n’est pas normal d’honorer ces hommes qui se sont battus pour préserver l’esclavage», estime le maire de Lexington (Kentucky), interrogé par Libération.
Ni pour la destruction massive, ni pour la conservation en l'état, certains estiment que la place de ces monuments est dans les musées.
«Nous ne voudrions pas travestir notre histoire en prétendant que Jim Crow et la résistance massive à la campagne pour les droits civils n'est jamais arrivée, confie au New York Times James Grossman, directeur de la société américaine d'histoire. Ces monuments témoignent de cette partie de notre histoire.»