Des milliers de jeunes vêtus de noir se sont rassemblés, vendredi soir, au cœur de Strasbourg pour rendre hommage à George Floyd, dire non au racisme et dénoncer les violences policières.
Répondant à un appel lancé sur les réseaux sociaux, ils étaient 3.500 selon la préfecture, de 4 à 5.000 selon les organisateurs, réunis place Kléber, le cœur battant de la capitale alsacienne, devançant de nombreux autres appels à manifester lancés à travers la France pour samedi.
Sur des cartons confectionnés à la hâte et brandis par des dizaines de manifestants, ces mots: «le vrai virus, c'est le racisme», «No justice, no peace» (pas de justice, pas de paix), «Stop racism» ou «Stop killing black people» (Cessez de tuer des Noirs).
Strasbourg ce 5 juin pic.twitter.com/DkaGy6ZKv0
— ر (@makaveali) June 5, 2020
«Black lives matter» proclamaient aussi de nombreuses pancartes, reprenant le cri de ralliement du mouvement contre les violences racistes déclenché aux Etats-Unis par la mort de George Floyd, un Afro-américain de 46 ans qui a succombé lors de son arrestation, asphyxié par un policier à Minneapolis.
Pour la plupart masqués, les jeunes de Strasbourg ont d'abord manifesté silencieusement avant que ne retentissent des salves d'applaudissements et que quelques-uns prennent la parole au mégaphone. Plusieurs centaines d'entre eux étaient encore rassemblés sous la pluie vers 20H45.
«Y'en a marre, c'est un peu plus qu'un racisme qui pèse sur tout le monde, c'est une pression constante, des non-dits et une vie qui devient compliquée pour un certain nombre d'entre nous qui disent qu'il n'y a pas moyen de s'en sortir à cause de notre couleur de peau ou de notre religion», observait Kevin, un animateur-jeunes de 40 ans, originaire des Caraïbes et tout de noir vêtu.
Des appels à manifester dans tout le pays
«C'est une cause qui nous concerne tous et pas seulement les personnes visées», a renchéri Fanny, une rédactrice de 30 ans, avec cet appel lancé sur sa pancarte : «soyons des Bisounours pleins de couleurs et pleins d'amour».
Des appels à manifester samedi contre les «violences policières» ont également été lancés dans plusieurs villes de France, comme à Paris, Bordeaux, Nantes, Limoges, Poitiers, Marseille ou Lille, en dépit de l'interdiction des rassemblements de plus de dix personnes pour cause de crise sanitaire.
Mardi, une manifestation interdite par le préfet de police de Paris avait rassemblé au moins 20.000 personnes dans la capitale à l'appel du comité de soutien à la famille d'Adama Traoré, un jeune homme noir mort en 2016 après une interpellation par des gendarmes.
«Justice pour Adama», avait également écrit un manifestant strasbourgeois sur sa pancarte.
A Clermont-Ferrand, plusieurs centaines de personnes se sont également réunies vendredi peu après 18H00 sur une place du centre-ville à l'appel cette fois du collectif «justice et vérité pour Wissam El Yamni», décédé dans cette ville en 2012 après son arrestation par la police dans des conditions controversées.
Saisi par Christophe Castaner, le parquet de Paris a ouvert vendredi une enquête pour «injure publique à caractère raciste» et «provocation publique à la haine raciale». Elle porte sur des messages racistes publiés sur Facebook et attribués aux forces de l'ordre.