En direct
A suivre

L'artemisia, «remède» controversé contre le covid-19

Cette plante herbacée est originaire de Chine où elle est connue depuis près de 2.000 ans pour ses propriétés curatives contre la fièvre et le paludisme.[RIJASOLO / AFP]

Plante de la pharmacopée chinoise, et connue pour traiter le paludisme, l'«Artemisa annua» est aujoud'hui une piste de traitement contre le Covid-19 prise au sérieux par le président malgache, Andry Rajoelina. En quelques semaines, elle est devenue l'ingrédient principal d'un breuvage controversé, vendu sous le nom de «Covid Organics».

Un remède qui ne convainc pas l'Organisation mondiale de la Santé. Voici ce qu'il faut savoir sur ce nouvel «or vert».

De la Chine à l'afrique

Derrière ce traitement très controversé, se cache une plante, l'«Artemisia annua», ou  l'armoise annuelle en français. Cette plante herbacée, une sorte de fougère verte aux faux airs de cannabis, est originaire de Chine où elle est connue depuis près de 2.000 ans pour ses propriétés curatives contre la fièvre et le paludisme. 

De siècle en siècle, elle a conquis peu à peu le monde. Et bien que la Chine reste le principal producteur, elle est aujourd'hui cultivée à grande échelle en Afrique, en Tanzanie, à Madagascar et au Kenya principalement. Sa culture a été encouragée sans les années 2000 par l'OMS en raison de ses propriétés anti-paludéennes.

L'artémisinine contre le paludisme

C'est son dérivée chimique, l'artemisinine, qui est encore aujourd'hui utilisé pour lutter contre les fièvres paludéennes.

En pleine guerre du Vietnam (1954-1975), les autorités chinoises lancent le projet 523. Leur objectif : trouver de nouveaux médicaments contre le paludisme, qui décime les troupes alliés. «Le projet impliquait 60 organismes de recherche et plus de 500 scientifiques», précise l'OMS. S'inspirant d'anciens textes chinois, la pharmacologue chinoise Tu Youyou réussit à identifier, extraire et à stabiliser l'antipaludique actif : l'artémisinine. Elle recevra par ailleurs, en 2015, le prix Nobel de la médecine, avec les chercheurs William C. Campbell et Satoshi Omura, pour sa découverte qui a permis le renouvellement des traitements contre le paludisme.

Et dans une note publiée dès 2007, l'OMS recommande l'utilisation des combinaisons thérapeutiques à base d'artémisinine, pour traiter le paludisme et considère qu'ils peuvent être une «partie de la solution dans les cas où le paludisme est devenu résistant aux autres médicaments».

Non, l'OMS ne reconnaît pas l'artemisia comme un remède au Covid-19

Dès 2019, l'OMS avait pris position contre l'utilisation de l'Artemisia sous forme végétale, en tisane ou en poudre, pour prévenir ou soigner le paludisme. Selon elle, la qualité des remèdes serait trop aléatoire et dépendrait trop de la méthode de culture de la plante, de son séchage et de son ingestion.

Et bien qu'elle n'écarte pas les bienfaits de la médecine traditionnelle, l'OMS a toutefois mis en garde contre ce nouveau «remède miracle», mis en avant par le chef de l'état malgache, et sensé «changer l'histoire». Le 4 mai dernier, dans un communiqué, elle a tenu a précisé qu'elle n'accepterait de recommander ce traitement qu'à la condition que celui-ci repose sur «des éléments scientifiques probants». 

«Des plantes médicinales telles que l''Artemisia annua' sont considérées comme des traitements possibles du Covid-19, mais des essais devraient être réalisés pour évaluer leur efficacité et déterminer leurs effets indésirables», explique l'OMS. Tout en ajoutant que «les Africains méritents d'utiliser des médicaments testés selon les normes qui s'appliquent aux médicaments fabriqués pour les populations du reste du monde».

L'OMS a donc une position très claire sur la question. Faute d'essais cliniques, elle ne recommandera pas le breuvage miracle, «Covid Organics», du président Andry Rajoelina.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités