Le président brésilien Jair Bolsonaro a de nouveau préconisé vendredi la réouverture des commerces, au lendemain du limogeage de son ministre de la Santé qui prônait au contraire le confinement pour endiguer la propagation du coronavirus.
«En me battant pour la réouverture des commerces, je prends un risque. Si la situation s'aggrave, ça me retombera dessus. Mais je crois qu'il faut les rouvrir et beaucoup de gens pensent comme moi», a dit le chef de l'Etat au cours de la cérémonie d'intronisation du nouveau ministre de la Santé, Nelson Teich.
Dans une logique totalement opposée, les gouverneurs des Etats de Rio de Janeiro et de Sao Paulo - les deux grands foyers de contamination - ont prolongé jeudi les mesures de confinement jusqu'au 30 avril et au 10 mai, respectivement. Seuls les commerces jugés essentiels, comme les supermarchés et les pharmacies, peuvent rester ouverts.
Deux visions opposées
Au Brésil, ces décisions sont du ressort des collectivités territoriales et la Cour suprême a décidé mercredi que le gouvernement fédéral ne pouvait pas s'y ingérer.
Après plusieurs semaines de tensions très vives, Jair Bolsonaro a limogé jeudi le populaire ministre de la Santé Luiz Henrique Mandetta, qui avait une vision diamétralement opposée sur la façon d'affronter la pandémie.
«La vision de Mandetta, c'est celle de la santé, de la vie. La mienne, au-delà de la vie, inclut l'économie et les emplois», a déclaré vendredi le président d'extrême droite pour expliquer le changement à la tête du ministère.
Nelson Teich, un oncologue renommé de 62 ans, n'a pas présenté de plan d'action ni aucune annonce concrète au moment de sa prise de fonctions.
«Qu'on parle de santé ou d'économie, ça revient au même : au final, on parle des gens. C'est ce que nous sommes venus faire ici, donner une vie meilleure à la population brésilienne», a-t-il déclaré dans un bref discours aux côtés du chef de l'Etat.
L'éviction de M. Mandetta a été mal vue par une bonne partie des Brésiliens et des concerts de casseroles ont été entendus dans de nombreuses villes jeudi en signe de protestation.
«C'était une mauvaise idée de le limoger parce qu'il faisait du bon travail, il inspirait confiance en demandant aux gens de rester chez eux», a dit à l'AFP-TV Marcelo Ferreira, un policier de Rio de Janeiro.
Le Brésil, un pays de 210 millions d'habitants, comptait selon le dernier bilan officiel, 33.682 cas de Covid-19, dont 2.141 mortels, des chiffres largement sous-évalués selon des chercheurs.
Certains hôpitaux sont déjà au bord de la saturation alors que le pic de la pandémie n'est attendu que pour les mois de mai ou juin.