Un pas en avant, un pas en arrière. Les négociations de paix en Afghanistan, qui semblaient sur le bon chemin après l'accord signé entre talibans et Américains fin février, sont actuellement menacées. Alors que le gouvernement afghan devait débuter des discussions avec les insurgés fondamentalistes ce 10 mars, une crise politique s'est invitée au menu.
Car à la veille de cette négociation, deux politiciens ont prêté serment en tant que président du pays. Ashraf Ghani, le chef de l'Etat, a donc été investi pour un second mandat, au même moment où son adversaire, Abdullah Abdullah, revendiquait également le poste. Cette crise institutionnelle tombe donc quand une fenêtre pour la paix s'ouvrait, après quarante ans de conflits divers. Les discussions entre le gouvernement et les talibans ont donc été repoussées.
Mais cette situation se produit également dans un timing particulier pour les Etats-Unis. Ces derniers ont en effet entamé le 9 mars le retrait d'une partie de leur troupe du sol afghan. Cependant, ce départ des soldats américains devait se produire dans une période d'accalmie, et non pas en pleine crise. «La double investiture à Kaboul est précisément le type de distraction autour du processus de paix que les Etats-Unis espéraient éviter», a expliqué à Reuters Andrew Watkins, membre de l'organisation de prévention des conflits International Crisis Group.
une médiation obligatoire
Alors que Ashraf Ghani et Adbullah Abdullah ne semblent pas prêts à s'accorder pour mettre fin à la situation, Washington restera prêt à faciliter le dialogue et «continuer d'aider», si l'on en croit Zalmay Khalilzad, diplomate américain en charge de la paix afghane. Cette volonté de rapprochement n'est pas complètement anodine cependant, puisque l'accord entre talibans et Etats-Unis prévoit la libération de certains combattants islamistes, ce qui reste une prérogative du président afghan.
Les prochains jours pourraient s'avérer décisifs, alors que la situation est particulièrement explosive. Les talibans ont revendiqué des tirs de roquettes sur Kaboul lors des inaugurations présidentielles, alors que les deux camps politiques qui s'affrontent pour le pouvoir sont soutenus par des puissants seigneurs de guerre. Bien loin de la paix imaginée par certains il y a encore quelques jours, le chaos pourrait donc revenir, à moins qu'une une médiation rapide et efficace ne se mette en place.