Les eurosceptiques les plus fervents n'auront pas eu gain de cause. Alors que plusieurs députés britanniques voulaient que Big Ben sonne ce vendredi 31 janvier à 23h (minuit heure française) pour célébrer le Brexit, l'idée a finalement été rejetée par le Parlement du Royaume-Uni.
Cette proposition avait provoqué des débats enflammés outre-Manche. Au-delà du côté symbolique d'un tel événement, c'est l'aspect financier de cette idée qui était au cœur des discussions. En effet, la cloche la plus célèbre du monde, âgée de 160 ans et logée dans la tour Elizabeth du Palais de Westminster, à Londres, est en restauration depuis 2017, et les travaux sont prévus pour durer encore deux ans. Déconnectée, elle ne sonne plus toutes les heures mais seulement pour les grandes occasions, comme le Nouvel an ou des commémorations historiques. Elle avait par exemple tinté en 2018 pour le centenaire de l’armistice de la Première Guerre mondiale.
Pour que la cloche, équivalent à Londres de la tour Eiffel à Paris, puisse sonner pour célébrer le Brexit, il aurait fallu une remise en état accélérée. Et c'est là que les choses se sont gâtées. Alors que les premières estimations prévoyaient qu'un tel chantier coûterait 120.000 livres (140.000 euros), la facture a finalement été largement revue à la hausse par une commission de la Chambre des communes. Selon elle, il aurait fallu plutôt tabler sur 320.000 à 500.000 livres (entre 370.000 et 580.000 euros). En effet, la restauration du mécanisme du carillon et la construction d'un étage temporaire dans le beffroi - nécessaire pour mener à bien les travaux - auraient coûté 120.000 livres, auxquels auraient dû s'ajouter les frais liés au report des autres travaux en cours sur le bâtiment, soit 100.000 livres par semaine.
Une cagnotte avait été lancée
De quoi refroidir les membres de la commission parlementaire, qui ont rejeté début janvier l'amendement à l'accord de Brexit proposé par plusieurs députés eurosceptiques, menés par le conservateur Mark Francois. «Personne lors de la réunion n'a estimé que cela valait la peine de dépenser 500.000 livres pour que Big Ben marque le coup», avait alors confié une source au quotidien Daily Telegraph. «Quand on réfléchit à quoi d'autre cet argent pourrait servir, c'est difficile de défendre cette position», avait-elle concédé.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson, pro-Brexit et favorable à ce que Big Ben puisse sonner pour le Brexit, était alors entré en scène. Lors d'une interview sur BBC One mi-janvier, le dirigeant conservateur avait expliqué que le gouvernement élaborait un plan pour financer l'opération. Selon lui, le problème était de restaurer le battant de la cloche, qui avait été enlevé du clocher. «Et ça coûte cher, donc on essaye de savoir si on peut financer ça grâce au public», avait-il déclaré, ouvrant la porte au lancement d'une plate-forme de financement participatif.
Une cagnotte avait été lancée dans la foulée par le groupe StandUp4Brexit, qui avait recueilli en quelques jours 272.000 livres (323.000 euros). Mais le Parlement britannique a finalement douché les espoirs des partisans de cette mesure. Il a expliqué qu'il refuserait de financer les travaux nécessaires à la sonnerie de Big Ben, arguant qu'il ne pouvait accepter de l'argent des citoyens, mettant ainsi un terme au rêve de certains députés. L'argent récolté pour Big Ben ira finalement à Help for Heroes, une organisation caritative qui apporte son aide aux anciens combattants, a annoncé StandUp4Brexit.