Plusieurs milliers d'Américains étaient réunis, lundi 20 janvier, à Richmond, la capitale de la Virginie, pour défendre le droit à détenir des armes. Une «liberté fondamentale», qui, selon eux, est menacée après que cet Etat, passé récemment sous pavillon démocrate, a tenté de faire passer plusieurs textes, renforçant notamment la vente des armes à feu.
Les protestataires, pour beaucoup armés jusqu'aux dents, comme l'attestent les nombreuses photos et vidéos relayées sur les réseaux sociaux, se sont rassemblés dans les rues autour de la place du Capitole.
Siège du gouvernement local, celle-ci a en effet été mise sous très haute surveillance, quadrillée par un important dispositif policier et des portiques de sécurité, empêchant les manifestants armés d'y pénétrer.
Plusieurs milliers de personnes attendues à Richmond, Virginia, pour ce rassemblent pro guns. Certains manifestants réunis autour du Capitole local sont lourdement armés #usa2020 #guns #milices pic.twitter.com/wrxwWTE5it
— Gregory Philipps (@gregphil) January 20, 2020
Une mesure de sécurité prise par le gouverneur démocrate Ralph Northam qui, mercredi dernier, a décrété l'état d'urgence pour interdire le port d'armes à feu et d'objets dangereux tels que battes de baseball ou chaînes sur les principaux lieux du rassemblement, mais pas dans les artères les entourant.
Armes prohibées à proximité du Capitole de Richmond, mais pas dans les rues autour. Le gouverneur de Virginie @GovernorVA Northampton comparé à Hitler sur cette pancarte #pointgodwin pic.twitter.com/qlwInvnhGn
— Gregory Philipps (@gregphil) January 20, 2020
Une mesure de prévention, également, du fait que plusieurs mouvements d'extrême droite et groupes paramilitaires avaient annoncé leur participation à cette «Journée de lobbying», organisée par la Ligue de défense des citoyens de Virginie (VCDL).
Les démocrates prônent un contrôle plus strict
Les démocrates, à la tête de la Virginie depuis novembre dernier, se sont attirés les foudres de cette ligue en promettant de s'attaquer au «laxisme» qui entoure, selon eux, le contrôle des ventes d'armes, notamment après le choc suscité par la tuerie de Virginia Beach, qui avait fait 12 morts en mai. Un argument pourtant jugé irrecevable par la VCLD qui considère comme sacré le deuxième amendement de la Constitution américaine qui garantit le «droit de détenir et de porter des armes».
Parmi les textes actuellement à l'étude portés par les démocrates, certains renforcent l'examen des antécédents judiciaires des acheteurs, interdisent les chargeurs de plus de dix cartouches et l'achat de plus d'une arme par mois. Ils permettent aussi à un juge de saisir les armes d'individus considérés comme dangereux. Un projet d'interdiction à la vente des fusils semi-automatiques a en revanche été abandonné.
Entre temps, le mouvement de contestation s'est propagé dans tout le reste de cet Etat frontalier de la capitale Washington, et plus d'une centaine de comtés et de localités se sont proclamés «sanctuaires du deuxième amendement».
The Democrat Party in the Great Commonwealth of Virginia are working hard to take away your 2nd Amendment rights. This is just the beginning. Don’t let it happen, VOTE REPUBLICAN in 2020!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) January 20, 2020
Les organisateurs de la manifestation ont même reçu lundi le soutien de Donald Trump, grand défenseur du lobby pro-armes.
«Le parti démocrate en Virginie fait tout pour vous priver de vos droits prévus dans le deuxième amendement. Ce n'est que le début. Faites en sorte que cela n'arrive pas, votez républicain en 2020 !», a-t-il ainsi tweeté.
Le spectre de Charlottesville en toile de fond
De son côté, le gouverneur Northam a estimé que les organisateurs de la manifestation «ont voulu que ce soit un événement pacifique mais ils ont entraîné quelque chose de plus important qu'ils pourraient ne pas arriver à contrôler».
Il a évoqué, entre autres, des menaces «crédibles et sérieuses» de «violences, d'affrontement armé et d'attaque contre le Capitole» ainsi que «des plans d'action provenant de milices et de groupes racistes basés hors de l'Etat».
«On ne veut pas voir de drame comme celui de Charlottesville», a-t-il prévenu, en référence à une autre ville de Virginie où des affrontements entre militants suprémacistes blancs et antifascistes avaient fait une morte et des dizaines de blessés en août 2017.
A l'époque, le président américain avait attendu deux jours avant de condamner des violences «racistes», avant d'estimer qu’il y a des «torts des deux côtés», suscitant une importante polémique.