Un fauteuil pour deux. Empêché d'accéder à l'hémicycle par la police, Juan Guaido a été réélu dimanche président du Parlement vénézuélien par les députés d'opposition, après qu'un élu rival a revendiqué le poste avec le soutien du pouvoir chaviste.
«Je jure devant Dieu et le peuple du Venezuela de faire respecter» la Constitution en tant «président du Parlement et président par intérim», a déclaré après le scrutin Juan Guaido, qu'une cinquantaine de pays, dont les Etats-Unis, reconnaissent comme président par intérim depuis près d'un an.
Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo l'a d'ailleurs félicité et a condamné «les efforts sans succès» du chef de l'Etat chaviste Nicolas Maduro «de nier la volonté de l'Assemblée nationale démocratiquement élue». Le président toujours en exercice a quant à lui reconnu aussitôt le candidat rival Luis Parra, se réjouissant de ce que Juan Guaido ait été «évincé».
Le vote de l'opposition a été organisé au siège du journal El Nacional, dans le centre de Caracas, et non dans l'hémicycle. Les forces de l'ordre ont ainsi empêché toute la journée Juan Guaido, des députés d'opposition et des journalistes d'accéder au Parlement.
A la mi-journée à l'Assemblée, Luis Parra, un député rival mais se disant toujours dans l'opposition, a empoigné un mégaphone depuis le perchoir et s'est déclaré nouveau chef de l'hémicycle dans une cohue indescriptible. L'opposition, majoritaire au Parlement unicaméral, a vite fait part de son courroux quant au traitement réservé à Juan Guaido et au geste de Luis Parra, qualifié de «coup d'Etat parlementaire».
«Tu seras le passé»
De son côté, Luis Parra estime avoir été élu à la régulière. Il affirme que 81 députés sur 140 présents ont voté pour lui. Le député chaviste Pedro Carreño explique, lui, à l'AFP que la séance a eu lieu en présence de 150 élus, dont 84 ont voté pour Luis Parra, soit la majorité simple du Parlement.
Fort de son statut, Juan Guaido entend obtenir une deuxième chance pour poursuivre son bras de fer avec Nicolas Maduro, qu'il rend responsable de la crise économique et sociale que traverse le Venezuela. L'opposant de 36 ans n'a pas atteint l'objectif proclamé début 2019 de «mettre fin à l'usurpation».
Dans la pratique, l'Assemblée nationale n'a plus aucun pouvoir. Le travail législatif est effectué depuis 2017 par une Assemblée constituante uniquement composée de chavistes. Cette même Constituante est chargée de convoquer les élections législatives qui doivent avoir lieu cette année. Mais Juan Guaido et les partis qui le soutiennent affirment vouloir boycotter le scrutin car organisé par le gouvernement.