L'ex-président bolivien Evo Morales, qui s'est dit menacé, était à bord d'un avion militaire mexicain dans la nuit de lundi à mardi pour rejoindre le Mexique où il a obtenu l'asile, alors que l'armée bolivienne a annoncé vouloir prêter main forte à la police pour ramener l'ordre.
«Frères et soeurs, je pars pour le Mexique», a twitté lundi peu après 21h30 heure locale (01h30 mardi) M. Morales, qui a démissionné dimanche. «Ça me fait mal d'abandonner le pays pour des raisons politiques, mais je serai toujours attentif. Je reviendrai bientôt avec plus de force et d'énergie».
Quelques minutes plus tôt, des médias locaux ont annoncé qu'un avion militaire mexicain avait atterri dans un aéroport de la région centrale de Cochabamba, le fief du leader socialiste, après une escale à Lima, comme l'avaient indiqué les autorités péruviennes.
«Evo Morales est déjà dans l'avion du gouvernement mexicain chargé d'assurer son transfert en toute sécurité vers notre pays», a ensuite confirmé le ministre mexicain des Affaires étrangères, Marcelo Ebrard.
Ce ministre a publié, toujours sur Twitter, une photo où l'on voit M. Morales dans un avion et recouvert d'un drapeau mexicain qu'il tend à deux mains.
M. Ebrard avait assuré plus tôt que son gouvernement avait été sollicité par M. Morales : «Il nous a demandé verbalement et de façon formelle de lui accorder l'asile politique dans notre pays». Mexico le lui avait déjà proposé la veille.
«Après avoir pillé et tenté de mettre le feu à ma maison à Villa Victoria, des groupes vandales des putschistes [Carlos] Mesa et [Luis Fernando] Camacho ont fait irruption chez moi dans le quartier de Magisterio à Cochabamba. Je suis très reconnaissant à mes voisins qui ont arrêté ces raids», a twitté M. Morales (60 ans), en référence au candidat d'opposition qui réclamait un second tour à l'élection présidentielle, et au fer de lance de la révolte populaire contre le résultat du scrutin de fin octobre jugé frauduleux.
Le président socialiste a démissionné mais aussi les successeurs prévus par la Constitution dans l'hypothèse d'un départ du chef de l'Etat : le vice-président Alvaro Garcia, la présidente et le vice-président du Sénat ainsi que le président de la Chambre des députés, entraînant une vacance du pouvoir.
C'est donc la deuxième vice-présidente du Sénat, Jeanine Añez, qui a revendiqué la présidence par intérim. «Nous allons convoquer des élections avec des personnalités qualifiées qui vont conduire le processus électoral afin de refléter ce que veulent tous les Boliviens», a-t-elle déclaré.
«Nous avons déjà un calendrier. Je crois que la population demande en criant que nous ayons un président élu le 22 janvier», a ajouté l'opposante de 52 ans, évoquant la date prévue, avant la crise, de la prise de ses fonctions par le prochain président de Bolivie.
Le Parlement, où les partisans d'Evo Morales sont majoritaires, doit siéger mardi pour entériner les démissions et nommer le remplaçant par intérim de celui qui présidait la Bolivie depuis 2006.
L'Organisation des Etats américains (OEA) a appelé lundi «à la paix et au respect de la loi» pour régler la crise politique en Bolivie et demandé «une réunion d'urgence» du Parlement bolivien «pour garantir le fonctionnement des institutions et nommer de nouvelles autorités électorales pour garantir un nouveau processus électoral».
L'OEA a annoncé qu'elle tiendrait mardi une réunion sur la situation en Bolivie.