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Catalogne : plus de 180 blessés, nouvelle manifestation en vue

Des manifestants dressent des barricades lors de heurts avec les forces de l'ordre, à Barcelone le 18 octobre 2019 [Pau Barrena / AFP] Des manifestants dressent des barricades lors de heurts avec les forces de l'ordre, à Barcelone le 18 octobre 2019 [Pau Barrena / AFP]

Pavés et odeur de brûlé : Barcelone portait samedi les stigmates des violences ayant fait plus de 180 blessés vendredi soir à travers la Catalogne et se préparait pour une nouvelle manifestation indépendantiste dans la soirée.

L'air encore chargé de vapeurs d'asphalte brûlé était difficilement respirable dans certaines rues du centre de la ville, a constaté un journaliste de l'AFP. Sur les trottoirs, des dizaines de pavés ont été arrachés. Près de la place d'Urquinaona, épicentre des violents affrontements de la veille, des agents terminaient de nettoyer les nombreux vestiges du chaos de la nuit, pierres, verre brisé et cartouches de balles de caoutchouc.

De nouvelles violences pourraient être à craindre samedi soir alors qu'une nouvelle manifestation «contre la répression» a été convoquée sur cette même place à 18H00 (16H00 GMT) par Arran, organisation de jeunesse de la gauche indépendantiste catalane radicale, qui réclame la démission du «ministre» régional de l'Intérieur.

Sur les grands axes théâtres des affrontements de la nuit, comme la Via Laietana, la circulation avait néanmoins repris, selon des images de la télévision espagnole qui montrait des vitrines abîmées. «C'est triste tout ça et cela nous fait du tort», regrttait Assumpcio Segui, une retraitée indépendantiste de 75 ans. «C'est inadmissible (...) Les gens ont peur maintenant», se désolait Ramiro Diaz, pré-retraité de 59 ans, qui tentait depuis une heure de remettre en état le kiosque de billets de loterie de sa femme, aux vitres brisées et rempli de pavés et de pierres.

Cette cinquième nuit consécutive de violences dans la région, depuis la condamnation lundi à de lourdes peines de prison de neuf dirigeants indépendantistes pour leur rôle dans la tentative de sécession de 2017, a fait 182 blessés dans l'ensemble de la région, ont annoncé samedi matin les services de secours. Uniquement à Barcelone, 152 personnes ont dû être prises en charge, après des heures d'affrontements au cours desquelles les policiers ont tiré des balles de caoutchouc, des gaz lacrymogènes et utilisé pour la première fois un canon à eau, face à des groupes d'émeutiers lançant pierres et objets métalliques.

Les autres blessés ont été recensés notamment à Gérone, Tarragone et Lérida. Au total, 83 personnes ont été interpellées dans toute la région suite à ces violences, a indiqué à l'AFP le ministère de l'Intérieur.

«Barcelone ne mérite pas ça»

Les heurts ont éclaté au terme d'une immense manifestation pacifique de quelque 525.000 personnes à Barcelone, où la journée avait été marquée par une grève générale et par la convergence de marches de dizaines de milliers de séparatistes parties de cinq villes de Catalogne. «Cela ne peut pas continuer, Barcelone ne mérite pas ça», a réagi dans la matinée la maire de gauche de la ville Ada Colau, qui a condamné «tout type de violence» et appelé les politiciens au dialogue pour résoudre «un conflit de fond qui dépasse la ville de Barcelone».

Le président séparatiste catalan Quim Torra devait s'exprimer à la mi-journée après une réunion avec les maires des principales villes catalanes tandis que le ministre espagnol de l'Intérieur Fernando Grande-Marlaska a fait le déplacement à Barcelone pour rencontrer son homologue régional Miquel Buch. L'autoroute AP7 a par ailleurs été coupée toute la matinée dans le sens France-Espagne près de la frontière en raison d'une manifestation indépendantiste, avant de rouvrir sur une seule file à la mi-journée, selon l'organisme catalan de surveillance du trafic routier.

Les heurts de vendredi soir sont les plus violents depuis le début de la semaine. Dès lundi, des heurts s'étaient produits lors du blocage de l'aéroport par plus de 10.000 personnes avant des scènes de guérilla urbaine à Barcelone de mardi à jeudi. Nées de la frustration d'une partie de la base indépendantiste, deux ans après l'échec de la tentative de sécession de 2017, ces violences ont marqué un tournant pour le mouvement séparatiste qui s'est toujours targué d'être non-violent.

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