Très soutenu par Donald Trump, qui l'a nommé à son poste de juge à la Cour Suprême, Brett Kavanaugh est de nouveau dans l'oeil du cyclone. Le conservateur est de nouveau accusé de comportement sexuel déplacé pendant sa jeunesse. Retour sur le parcours tumultueux du juriste américain.
Avortement, mariage pour tous, restriction du port d'arme, financement des syndicats, système de santé ... Aux Etats-Unis, la cour suprême a la lourde tâche de vérifier la constitutionalité des lois, et par conséquent, d'arbitrer d'épineux débats. De fait, la répartition entre conservateurs et progressistes parmi ses neufs juges fait l'objet d'inquiétudes dans les deux camps, à chaque nouvelle nomination.
La candidature de Brett Kavanaugh n'a pas fait exception. Le juge a été choisi par Donald Trump le 9 juillet dernier pour remplacer le siège vacant, auparavant occupé par le progressiste Anthony Kennedy, 81 ans, nommé par le républicain Ronald Reagan.
Un comportement qui pose question
Son arrivée à la Cour Suprême n'était déjà pas vu d'un très bon oeil par les démocrates. Ces derniers l'avaient bombardé de questions lors de ses auditions au Sénat - dernière étape pour être confirmé comme l'un des neufs sages de la cour -, en juillet 2018. Alors quand une femme l'accuse en septembre 2018 d'agression sexuelle, l'affaire prend une autre tournure. Il est ainsi soupçonné de tentative de viol. Après une enquête, le FBI assure ne pas pouvoir valider les accusations de Christine Blasey Ford. De son côté, Brett Kavanaugh rejette catégoriquement les allégations, et prête finalement serment en octobre 2018. Donald Trump s'excusera même «au nom de la nation».
Mais voilà que depuis le 15 septembre, le magistrat se retrouve une nouvelle fois accusé. Il aurait, selon les révélations du New York Times, sorti son sexe lors d'une soirée arrosée à l'université de Yale, et forcé une femme à le toucher. Sans attendre, Donald Trump n'a pas hésité à défendre le juriste sur Twitter en assurant qu'il est «innocent et a été traité de manière horrible».
Now the Radical Left Democrats and their Partner, the LameStream Media, are after Brett Kavanaugh again, talking loudly of their favorite word, impeachment. He is an innocent man who has been treated HORRIBLY. Such lies about him. They want to scare him into turning Liberal!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) September 15, 2019
Des faits d'armes reconnus
Âgé de 53 ans, diplômé de l'université de Yale, le juge Kavanaugh siège depuis maintenant dix ans à la cour d'appel de Washington. Enfant de la balle, sa carrière a particulièrement était influencée par sa mère, devenu procureur et juge après une reprise d'études.
Il débute dans la magistrature auprès de celui qu'il s'apprête à remplacer, le juge Kennedy. Il se fait ensuite connaître dans les années 1990, où il est mis aux trousses du président démocrate Bill Clinton. D'abord mobilisé sur l'enquête sur le suicide de Vince Foster, collaborateur de la Maison blanche sous son mandat, il coécrit quelques années plus tard un rapport appelant à la destitution du président Bill Clinton, empêtré dans l’affaire Monica Lewinsky.
Il avait notamment déclaré que Bill Clinton pourrait être destitué pour avoir menti à ses collaborateurs et avoir induit en erreur le public. Contradictoire, cette définition très large de l'entrave à la justice pourrait, selon des experts, être dommageable à l'actuel président si elle lui était appliquée dans l'enquête sur l'ingérence russe dans la présidentielle.
Promu à la puissante cour d’appel fédérale de Washington par le président George W. Bush, il a servi l’ancien président républicain en tant qu’avocat et secrétaire personnel à la Maison. Il est également marié avec à Ashley Estes Kavanaugh, ancienne secrétaire personnelle de Bush, avec qui ils ont deux filles.
Catholique pratiquant et conservateur vigoureux
Alors que Donald Trump avait évoqué un éventuel retour sur le droit à l'avortement, l'arrivée d'un juge conservateur à la cour suprême effraie les défenseurs de l'arrêt.
Difficile de savoir comment ce catholique pratiquant, actif dans les associations religieuses, se positionnera sur la question de l’avortement. Alors que Donald Trump se revendique allègrement comme «président pro-vie», l'arrivée d'un conservateur à la Cour suprême effraie les défenseurs de l'arrêt Roe vs Wade, décision de l'institution prise en 1973, qui avait introduit le droit à l'avortement aux Etats-Unis.
Kavanaugh, aux valeurs conservatrices bien ancrées, n’a jamais statué sur l’avortement en tant que juge, n’a jamais exprimé publiquement d’opinion sur le sujet, mais s'est récemment opposé à une décision de la cour d’appel autorisant l’avortement chez une adolescente enceinte.