Le 9 juin 2019, plus d'un million de manifestants défilent dans Hong Kong contre un texte projetant d'autoriser les extraditions vers la Chine. La crise, qui a débuté à la fin du mois de mars, attire alors les yeux du monde entier. Cent jours plus tard, si les militants ont fait reculer l'exécutif pro-Pékin, les tensions sont toujours très vives dans l'ex-colonie britannique.
On aurait pourtant pu croire que tout allait s'arrêter le 4 septembre après le retrait inattendu du texte sur les extraditions. Principal point de blocage et revendication première des Hongkongais, le projet de loi n'était en réalité que le déclencheur d'une colère qui couve depuis des années. Loin de se calmer, la pire crise politique depuis la retrocession du territoire à la Chine s'est donc poursuivie avec toujours autant de violence, si ce n'est plus. Ce dimanche 15 septembre, encore, pierres et cocktails molotov ont répondu aux gaz lacrymogènes et canons à eau des forces de l'ordre.
Les affrontements pourraient même se durcir dans les prochaines semaines, en raison de plusieurs dates clés. Les militants pro-démocratie veulent organiser une manifestation monstre le 28 septembre pour célébrer l'anniversaire du «mouvement des parapluies», lancé en 2014. Ce dernier s'opposait à une limitation de la démocratie dans l'élection du chef de l'exécutif hongkongais. L'anniversaire n'est donc pas anodin puisque l'organisation d'élections au suffrage universel est l'une des revendications du mouvement de 2019, avec la démission de Carrie Lam, la cheffe actuelle de l'exécutif.
La Chine, de l'autre côté, voit l'horloge tourner. Le 1er octobre seront fêtés les 70 ans de l'accession au pouvoir de Mao Zedong, et par extension la fondation du régime communiste dans le pays. Dans ce contexte, la célébration risque de ne pas être très joyeuse, puisque l'autorité du parti communiste est largement contestée dans un territoire qui lui appartient. La volonté de poursuivre la contestation d'un côté, et l'envie d'une sortie de crise rapide de l'autre pourraient donc donner lieu à une augmentation des tensions dans les prochains jours.
La communauté internationale, de son côté, est effacée. La dépendance à l'économie chinoise est forte pour un bon nombre de puissances européennes ou nord-américaines, ce qui limite grandement les prises de position. Lorsque le G7 a appelé à «éviter les violences», le géant asiatique a très vite fait part de son mécontentement. Il n'y a guère que les États-Unis qui ont insisté en demandant de «l'humanité» de la part de Pékin. Cependant, les déclarations de Donald Trump ressemblent plus à un moyen de pression dans un contexte de guerre commerciale avec la Chine.
Au vu des nombreuses arrestations de militants, ainsi que des violences policières qui sont dénoncées par les organisateurs des manifestations, de nombreux appels au soutien des habitants de Hong Kong continuent d'affluer. C'est d'ailleurs l'une des raisons qui ont poussé Joshua Wong, opposant très médiatique, à organiser une tournée en Europe et aux États-Unis mi-septembre. Reste désormais à savoir si cela aura un quelconque poids dans la résolution de la crise.