La Chine a confirmé mardi 27 août l'arrestation pour espionnage d'un universitaire australien, détenu au secret depuis sept mois, une nouvelle affaire de détention d'un ressortissant étranger en Chine qui provoque des tensions entre Pékin et Canberra.
La diplomatie chinoise a confirmé que l'universitaire Yang Hengjun avait été officiellement placé en état d'arrestation le 23 août sous l'accusation d'espionnage. Il était détenu depuis le début de l'année sans aucun chef d'inculpation.
La ministre australienne des Affaires étrangères, Marise Payne, qui avait dans un premier temps annoncé mardi cette arrestation, s'est dite «très inquiète» et a demandé à Pékin que «les normes fondamentales» de la justice soient respectées.
Militant pro-démocratie
M. Yang, un militant pro-démocratie d'origine chinoise, a été interpellé en janvier alors qu'il venait d'arriver en Chine en provenance des Etats-Unis.
Le quinquagénaire est connu pour avoir publié sur les réseaux sociaux des critiques du gouvernement chinois. Son compte Twitter dénombre plus de 125.000 abonnés.
«S'il est détenu en raison de ses convictions politiques, il doit être libéré», a déclaré la ministre australienne dans un communiqué. «Nous nous attendons à ce que les normes fondamentales de justice et d'équité procédurale soient respectées». «L'état de santé de M. Yang nous inquiète très sérieusement, ainsi que les conditions dans lesquelles il est détenu», a ajouté la ministre.
Cette déclaration a été très mal reçue à Pékin, le porte-parole de la diplomatie chinoise, Geng Shuang, faisant part de son «fort mécontentement».
«La Chine est un Etat de droit et l'Australie doit respecter la souveraineté judiciaire de la Chine sans s'ingérer en aucune façon dans des affaires» traitées dans le pays, a-t-il martelé. Il a seulement précisé que le détenu était «en bonne santé».
Après des mois sans accès à son avocat ou à sa famille, M. Yang est à présent confronté à un procès sur des accusations susceptibles d'entraîner une longue peine de prison.
Le silence presque total de la Chine sur cette affaire et son refus d'autoriser les visites consulaires au détenu sont un point de friction supplémentaire dans des relations bilatérales qui se sont sensiblement détériorées ces derniers mois.
Détenu secrètement depuis sept mois
Le communiqué de Mme Payne a été rédigé en termes particulièrement forts. «M. Yang est détenu à Pékin dans des conditions dures sans inculpation depuis plus de sept mois», a écrit la ministre.
«Depuis, la Chine n'a pas expliqué les raisons de la détention de M. Yang et elle ne lui pas autorisé l'accès à ses défenseurs ni les visites familiales», a-t-elle ajouté.
La ministre a indiqué qu'elle avait soulevé cinq fois la question du sort de M. Yang auprès de son homologue Wang Yi, en personne et par lettres.
Son avocat, Mo Shaoping, a déclaré à l'AFP que M. Yang avait été initialement placé «en résidence surveillée dans un endroit désigné» puis mis en «détention criminelle».
M. Yang est le dernier d'une série de ressortissants étrangers à avoir été arrêtés en Chine et accusés d'espionnage ou de tentative de vol de secrets d'État. Deux Canadiens, l'ancien diplomate Michael Kovrig et le consultant Michael Spavor, ont été arrêtés en décembre.
L'Australie s'est toujours efforcée d'éviter les frictions avec Pékin, mais l'arrestation de M. Yang va accentuer la pression de l'opinion publique pour qu'elle adopte une position plus dure envers son principal partenaire commercial.
Il y a en Australie une préoccupation croissante devant l'influence chinoise et l'accroissement de la présence militaire de la Chine dans l'océan Pacifique.
Des contrats lucratifs passés entre des universités australiennes et le gouvernement chinois ont été examinés à la loupe, alors que le gouvernement était accusé de ne pas protéger les dissidents et les réfugiés qui résident en Australie.
Lundi, une enquête officielle a établi qu'un promoteur immobilier chinois bénéficiant de puissantes relations avait remis 100.000 dollars australiens (60.000 euros) au siège du Parti travailliste australien (opposition) avant une élection en 2015.