Les touristes qui entrent en Chine, en passant par la grande province du Xinjiang (à l'ouest) peuvent regarder de près leur smartphone. Une vaste enquête publiée mercredi 3 juillet par cinq médias internationaux, met au jour la drôle de mécanique à laquelle s'exerceraient les gardes frontières de cette région.
Selon The Guardian, le New York Times et Vice, notamment, ces douaniers en poste à la frontière d'Irkeshtam (entre le Kirghizistan et le Xinjiang) installeraient des logiciels permettant de scanner et d'aspirer toutes les informations contenues dans les smartphones des personnes passant par leur service.
Baptisée « Les abeilles collectent le miel», cette application serait installée à l'insu des touristes, par les douaniers qui prétextent un contrôle de routine pour examiner les mobiles. Si ce logiciel est généralement installé brièvement par les fonctionnaires avant d'être retiré au moment de la restitution de l'appareil, celui-ci serait toutefois resté actif chez certains touristes et notamment des journalistes qui ont mené cette enquête.
Une liste noire de 73.000 contenus
Analysée par des experts en cybersécurité de l'université de Toronto, ainsi que de l'université de la Ruhr, notamment, cette application permet de relever l'ensemble des messages, contacts et notes vocales, ainsi que l'historique internet du mobile, afin de déchiffrer si l'un des 73.000 mots, sons ou images en rapport avec une liste noire établie par le gouvernement seraient présents.
Ces contenus, jugés problématiques par les autorités de l'Empire du Milieu, sont censés permettre de débusquer d'éventuelles affiliation avec des groupes terroristes. Mais le principe irait plus loin dans cette zone géographique limitrophes avec le Tibet. L'application serait à même de reconnaître une photo du Dalai Lama, par exemple, précise l'enquête. Selon le gouvernement chinois, quelque 100 millions de personnes transiteraient chaque année par le Xinjiang.