Fin décembre, un juge de New York a ordonné de dévoiler 180 noms liés au milliardaire Jeffrey Epstein, accusé de crimes sexuels, qui s’est suicidé en 2019 avant d’être jugé. Des divulgations qui pourraient créer un nouveau séisme dans la sphère médiatique internationale.
Plus de quatre ans après sa mort, l’affaire Jeffrey Epstein continue à créer des remous. Fin décembre, une juge de New York a ordonné la divulgation de 180 noms liés à l’ancien milliardaire, accusé de crimes sexuels, qui s’est suicidé en août 2019. Des révélations qui viennent remettre l’affaire au-devant de la scène, alors que plusieurs célébrités sont accusées d’avoir fréquenté Jeffrey Epstein et participé à son réseau de prostitution ou de trafic de mineur.
Jeffrey Epstein, financier et jet-setteur
Né en 1953 à New York, Jeffrey Epstein a enseigné les mathématiques et les sciences avant de rejoindre le monde de la finance. Il a donc fait ses armes dans la banque d’investissement Bear Stearns, avant de créer sa propre entreprise.
C’est ainsi qu’il a commencé à faire fortune, en gérant les fonds de sa riche clientèle. Dans les années 1980 et 1990, il est entré dans des cercles mondains les plus prestigieux, et a fréquenté de nombreuses célébrités, à l’instar du prince Andrew, le fils de la reine d’Angleterre Elizabeth II, de Donald Trump, également homme d’affaires à l’époque, de nombreux acteurs hollywoodiens, ou du président américain Bill Clinton.
Il possédait de nombreuses propriétés, à New York, au Nouveau-Mexique, en Floride, et même une île privée dans les îles Vierges.
C’est notamment dans les années 1990 qu’il a rencontré Ghislaine Maxwell, fille d’un grand magnat britannique des médias, qui lui a ouvert les portes de la haute société britannique et américaine.
Une première condamnation
Au début des années 2000, Jeffrey Epstein était dans le collimateur de la justice américaine, après le témoignage d’une femme qui affirmait que sa belle-fille, alors âgée de 14 ans, avait été conduite dans la résidence du millionnaire en Floride pour se déshabiller et effectuer un «massage», contre 300 dollars.
Lors de son enquête, la police a réussi à déterminer qu’Epstein avait payé plusieurs filles pour des actes sexuels, dont certaines étaient mineures au moment des faits. Une perquisition à son domicile a notamment permis à la police de mettre la main sur de nombreuses photos de jeunes filles. Les enquêteurs ont établi qu’Epstein avait mis en place un système de recrutement de très jeunes filles par d’autres femmes, pour accomplir ces «massages».
Accusé d’être à la tête d'un système de trafic de mineurs, Jeffrey Epstein risquait la prison à vie, mais a conclu un accord de non-poursuite avec les procureurs fédéraux de Floride, qui lui a permis de faire face à des chefs d’accusation moins graves. En 2008, il a donc plaidé coupable de racolage, et a négocié une peine de dix-huit mois de prison, dont il n’en effectuera que treize.
Nouvelles accusations et éclatement du scandale
À partir de 2015, de nouvelles victimes ont témoigné des comportements et abus du milliardaire. Une Américaine de 31 ans, Virginia Robert Giuffre, a notamment affirmé avoir été utilisée comme «esclave sexuelle» par Jeffrey Epstein alors qu’elle n’avait que 17 ans. Elle a affirmé avoir dû le servir, ainsi que certains de ses proches, dont le prince Andrew. En 2016, une autre femme a porté plainte contre Jeffrey Epstein et contre Donald Trump, les accusant de l’avoir violée lorsqu’elle avait 13 ans. De nombreuses autres victimes ont porté plainte contre l’ancien financier, qui aurait réglé à l’amiable un certain nombre de dossiers pour éviter des poursuites.
Face à la multiplication de témoignages, Jeffrey Epstein a été arrêté le 6 juillet 2019 dans le New Jersey, pour trafic sexuel. Il est accusé d’avoir sollicité des massages à des jeunes filles mineures, des actes sexuels, et d’avoir enrôlé certaines de ces jeunes filles pour qu’elles recrutent elles-mêmes de nouvelles victimes, contre rémunération, à New York et à Palm Beach, en Floride.
Selon les premières enquêtes, Jeffrey Epstein, aidé de sa campagne Ghislaine Maxwell, se serait constitué un carnet d’adresses d’environ 150 noms pour répondre à ses fantasmes sexuels, dont la plupart étaient des jeunes filles issues de milieux défavorisés.
Suicide en prison
Après son arrestation, Jeffrey Epstein a été incarcéré au Metropolitan Correctionnal Center, à Manhattan, dans l’attente de son procès. La justice avait refusé sa libération sous caution.
Quelques semaines plus tard, le 10 août 2019, alors âgé de 66 ans, Jeffrey Epstein a été retrouvé mort dans sa cellule, avec des traces au niveau du cou, indiquant la piste du suicide. De nombreuses rumeurs et théories complotistes ont circulé sur sa mort, certains estimant qu’il ne pouvait s’agir que d’un assassinat. Pourtant, en juin 2023, un rapport du ministère américain de Justice a conclu, après plusieurs années d’enquête, que Jeffrey Epstein s’était bien suicidé dans sa cellule, à la suite d’une succession de «négligences» de la part du personnel pénitentiaire.
Le rapport indique notamment qu’il devait être placé «sous contrôle pour risque suicidaire», mais avait été placé «seul» et «non surveillé» dans une cellule avec «une quantité excessive de draps de lit».
Et après sa mort…
Si Jeffrey Epstein n’a jamais pu être jugé, ce n’est pas le cas de sa compagne Ghislaine Maxwell. Elle a été interpellée par le FBI presque un an jour pour jour après l’arrestation de Jeffrey Epstein, sur la côte est des États-Unis. Deux ans plus tard, en juin 2022, elle a été condamnée à 20 ans de prison pour une série de crimes sexuels, dont trafic de filles mineures. Elle a fait appel de sa condamnation.
En décembre 2023, une magistrate du tribunal fédéral de Manhattan a ordonné de révéler au début de l’année 2024 une liste de 180 noms de victimes, proches, et complices présumés de Jeffrey Epstein. Cette décision s’inscrit dans le cadre d’une procédure en diffamation entre Ghislaine Maxwell et Virginia Giuffre, l’une des plaignantes contre le couple Epstein-Maxwell.
Par ailleurs, cette même plaignante a scellé en 2022 un accord à l’amiable pour 13 millions de dollars, selon les tabloïds britanniques, avec le prince Andrew, qu’elle accusait de l’avoir agressée sexuellement. Le prince conteste encore à ce jour les accusations.