Le président américain Donald Trump s'est déclaré prêt samedi à un accord commercial «historique» avec la Chine dès le début d'une rencontre très attendue avec son homologue, en marge d'un G20 qui s'est tenu à l'ombre de l'affrontement économique des deux pays.
Le président chinois Xi Jinping venait, lui, de souligner que le «dialogue» est préférable à la «confrontation».
Assis face à face autour d'une table, les deux hommes étaient entourés de leurs proches collaborateurs.
Le milliardaire républicain a déjà imposé des droits de douane de 25% sur 250 milliards de dollars de biens chinois. Son administration menace d'imposer de nouvelles taxes à l'importation qui frapperaient la totalité des plus de 500 milliards de dollars de biens chinois achetés chaque année par les Etats-Unis. Un point de non-retour dans le confit commercial qui oppose les deux pays, et une lourde menace pour toute l'économie mondiale.
Le président Trump avait avant la rencontre indiqué qu'il serait aussi question de Huawei, fleuron technologique dans le viseur de Washington.
Les experts s'attendent à une trêve dans le conflit, répétant le scénario du dernier G20, en Argentine fin 2018. Les présidents chinois et américain avaient alors suspendu les hostilités pour quelques mois, afin de reprendre les négociations commerciales approfondies... lesquelles avaient cependant tourné court.
«C'est le sujet qui domine clairement et tout le reste devient secondaire» dans la rencontre des chefs d'Etat et de gouvernement d'Osaka, au Japon, a commenté Thomas Bernes, du Centre d'innovation pour la gouvernance internationale, un groupe de réflexion canadien.
Comme pour répliquer à ce sommet dans le sommet sino-américain, l'UE et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) se sont mis d'accord sur un traité de libre-échange, fruit de 20 ans de négociations difficiles..
«Un moment historique» pour le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui a également discuté d'un pacte de libre-échange avec le Premier ministre australien Scott Morrison.
Mais la ratification du Mercosur promet d'être difficile, le texte suscitant l'inquiétude des agriculteurs européens face à un afflux de produits brésiliens.
Trump, Kim, MBS
Avant sa rencontre avec Xi Jinping, la journée avait démarré sur les chapeaux de roue pour Donald Trump qui, au lendemain de plaisanteries remarquées avec Vladimir Poutine, a continué à afficher sa complicité avec des dirigeants critiqués pour la situation des droits de l'Homme dans leur pays.
Après avoir évoqué, d'un tweet presque désinvolte, une possible rencontre inédite avec le leader nord-coréen Kim Jong Un dans la Zone démilitarisée (DMZ) qui sépare les deux Corées, le président américain a rencontré le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane. Il a loué son «travail extraordinaire", ignorant les questions répétées sur l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.
Pendant que Xi et Trump négociaient, les diplomates des vingt pays pesant 85% du PIB mondial continuaient de s'écharper sur le climat, au moment où l'Europe subit une canicule inédite, considérée par les scientifiques comme un symptôme sans équivoque du dérèglement climatique.
Sous Donald Trump, les Etats-Unis, opposés à l'accord de Paris sur le climat, ne signent traditionnellement pas la déclaration.
D'autres pays pourraient faire de même cette année, s'inquiète la délégation française, citant le Brésil, l'Arabie saoudite et la Turquie.
L'autre risque est de voir la volonté de consensus du Japon aboutir à un communiqué dénué de substance, avertissent ONG et sources gouvernementales, ou même à l'absence de communiqué.
Selon une source diplomatique, les discussions dans la nuit de vendredi à samedi ont été particulièrement ardues, en raison en particulier d'une ligne dure des Etats-Unis.
Le doute grandit sur la pertinence de ce rassemblement initialement créé pour apporter une réponse unie aux crises en tout genre, inauguré en 2008 en pleine crise financière mondiale.
Le G20 se voulait «un forum de coopération mais on peut se demander à présent si nous n'avons pas atteint le moment où il a cessé de servir cet objectif», déplore Thomas Bernes.