Une position peu confortable. La cheffe de l'exécutif de Hong Kong, Carrie Lam, apparaît fragilisée par la mobilisation contre son projet de loi controversé sur les extraditions vers la Chine, désormais suspendu. Malgré les appels à la démission des manifestants, elle tient toujours. Mais jusqu'à quand ?
La dirigeante de l'ex-colonie britannique, rétrocédée à la Chine en 1997, a de nouveau reçu le soutien, ce lundi 17 juin, du gouvernement chinois. Un appui logique, Carrie Lam étant connue pour être le bras de Pékin. «Le gouvernement central continuera à soutenir fermement la cheffe de l'exécutif de la Région administrative spéciale (Hong Kong, NDLR)», a déclaré devant la presse le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Lu Kang.
Mais, avec les tensions commerciales avec les Etats-Unis, au centre desquelles se trouve la firme chinoise Huawei, la Chine ne peut pas se permettre d'avoir en plus une crise politique interne sur les bras. Si elle veut rester à la tête de Hong Kong, Carrie Lam se retrouve donc dans l'obligation d'apaiser les esprits et de ramener le calme dans le territoire semi-autonome. Ce qu'elle tente de faire bon gré mal gré depuis quelques jours.
Après avoir annoncé la suspension du projet de loi d'extraditions vers la Chine samedi 16 juin, elle a présenté ses «excuses» dimanche 17 juin dans la soirée, reconnaissant que «les lacunes dans le travail du gouvernement ont entraîné beaucoup de conflits et de querelles dans la société hongkongaise».
Deux millions de personnes dans la rue dimanche selon les organisateurs
Un mea-culpa qui est survenu juste après une nouvelle manifestation monstre à Hong Kong, dimanche 17 juin, à laquelle ont participé deux millions de personnes selon les organisateurs (soit plus d'un Hongkongais sur quatre). Parmi leurs principales revendications, le retrait pur et simple du projet de loi d'extraditions et la démission de Carrie Lam. A voir si les excuses de cette dernière, très impopulaire auprès de la population (57 % d'opinions négatives), changeront quelque chose.
Multipliant les gestes d'ouverture vis-à-vis des contestataires, les autorités hongkongaises ont libéré ce lundi 17 juin le leader étudiant Joshua Wong, figure du mouvement prodémocratie des parapluies en 2014. Mais, à peine sorti, le militant de 22 ans a annoncé qu'il allait grossir les rangs de la mobilisation, appelant lui aussi à la démission de Carrie Lam. «Elle n'est plus qualifiée pour être la dirigeante de Hong Kong. Elle doit assumer ses responsabilités et démissionner», a-t-il déclaré aux journalistes.