Un défi plus politique qu'économique ? Alors que les négociations entre le constructeur Fiat Chrysler (FCA) et Renault en vue d'une prochaine fusion semblaient avancer pour le mieux, le groupe italo-américain s'est finalement retiré, et c'est l'État français qui est pointé du doigt
«Les conditions politiques ne sont actuellement pas réunies en France pour mener à bien un tel rapprochement», a déclaré FCA dans un communiqué. Le gouvernement avait en effet posé quatre conditions pour valider le rapprochement : l'opération devait avoir lieu dans le cadre de l'alliance entre Renault et Nissan, les emplois et des sites industriels en France devaient être préservés, la gouvernance des équilibres entre Renault et FCA respectée, et la participation de ce futur ensemble à l'initiative des batteries électriques engagée avec l’Allemagne.
Seulement, alors que trois des points avaient été réglés, «il restait à obtenir un soutien explicite de Nissan», selon Bruno Le Maire. Un potentiel problème alors que les tensions restent élevées avec les Japonais depuis la mise en examen de Carlos Ghosn. Le ministre de l'Économie a donc demandé un délai de cinq jours à Fiat afin de réunir un conseil d'administration lors de son voyage au Japon, prévu entre les 7 et 9 juin.
Si un accord aurait permis au nouveau groupe de devenir le numéro 3 mondial dans l'automobile, Bruno Le Maire et le gouvernement ne voulaient pas agir unilatéralement et risquer un divorce avec Nissan à un moment aussi crucial dans leur relation. Il semblerait donc que ce ralentissement dans les négociations soit responsable du retrait de FCA.
Il n'est cependant pas exclu que les négociations finissent par reprendre dans les prochains jours, mais ce coup de frein a effrayé les marchés financiers. La cotation de Renault a ainsi chuté de près de 7% à la Bourse de Paris après l'annonce de FCA (qui, elle, reste stable selon les chiffres de la bourse italienne). La situation pourrait donc évoluer après le retour du ministre de l'Économie du Japon.