Les Néerlandais et les Britanniques sont les premiers à se rendre aux urnes jeudi pour élire leurs représentants au Parlement européen, les sondages laissant présager un succès des eurosceptiques dans les deux pays.
Au total, plus de 400 millions d'électeurs voteront dans 28 pays pour élire 751 députés européens lors des élections européennes, organisées jusque dimanche.
Aux Pays-Bas, où les bureaux de vote ouvrent à 05H30 GMT, le Forum pour la démocratie (FvD), parti eurosceptique, anti-immigration et climatosceptique a le vent en poupe. Son chef de file, Thierry Baudet, 36 ans, d'origine franco-indonésienne, est partisan d'une «Europe boréale», idéologie vantée par Jean-Marie Le Pen et qui prône une fermeture du Vieux Continent aux populations extérieures.
Le parti, qui affronte notamment les libéraux (VVD) du Premier ministre Mark Rutte, devrait remporter entre 3 et 5 sièges sur les 26 alloués aux Pays-Bas, selon les derniers sondages.
Brexit omniprésent
Au Royaume-Uni, les Britanniques commencent à voter à 06H00 GMT dans un climat plombé par le Brexit, qui monopolise les débats politiques depuis le référendum de juin 2016.
Le pays devait quitter l'UE le 29 mars mais faute du soutien des députés, qui ont rejeté à trois reprises l'accord de sortie qu'elle avait conclu en novembre avec Bruxelles, la Première ministre Theresa May a dû repousser la date du divorce, désormais fixé au 31 octobre au plus tard.
Elle tente d'ici là de convaincre les députés de soutenir un projet de loi qu'elle veut présenter début juin, présenté comme la «dernière chance» de mettre en oeuvre la volonté des Britanniques, qui avaient voté à 52% pour la sortie de l'Union européenne.
Mais son projet est attaqué à la fois par sa majorité et par l'opposition et lui a valu mercredi une nouvelle démission fracassante au sein de son gouvernement, celle de la ministre chargée des relations avec le Parlement, l'eurosceptique Andrea Leadsom, en désaccord sur sa stratégie.
Faute d'être sorti de l'UE dans les temps, le Royaume-Uni est contraint d'organiser des élections européennes, même si les députés britanniques pourraient ne siéger que quelques semaines au parlement européen si le Brexit se concrétise.
Dans cette campagne insolite, le Parti du Brexit, de l'eurosceptique Nigel Farage, réclame une sortie de l'UE immédiate et sans accord. Ce nouveau parti, créé en février, caracole en tête des sondages.
Il y a cinq ans, l'ancienne formation politique de M. Farage, le Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (UKip) était arrivée en tête des élections européennes, raflant 24 sièges sur les 73 alloués au pays.
Résultats à partir de dimanche soir
De l'autre côté de l'échiquier politique, un autre nouveau-venu, Change UK, composé de transfuges pro-UE des partis conservateur et travailliste, tente sa chance. Mais le vote anti-Brexit est dispersé entre les Libéraux-démocrates, les Verts, et les partis nationalistes Plaid Cymru, au pays de Galles, et SNP, en Ecosse, qui défendent tous un second référendum sur le Brexit, espérant renverser le résultat de 2016.
Face à ces formations aux messages clairs sur le Brexit, les partis conservateur et travailliste, qui dominent la vie politique britannique, sont en difficulté.
Les électeurs risquent bien de faire payer aux Tories leur incapacité à faire sortir le pays de l'UE, près de trois ans après le référendum.
De son côté, le Labour souffre de ses ambiguïtés sur le Brexit et risque de voir partir ses partisans eurosceptiques vers le Parti du Brexit, tandis que les europhiles pourraient opter pour les partis clairement pro-UE.
Un sondage publié mercredi par l'institut YouGov place le Parti du Brexit largement en tête, avec 37% des voix, suivi des libéraux-démocrates (19%). Le Labour arrive en troisième position (13%) et le Parti conservateur est relégué à une humiliante 5e position avec seulement 7% des voix, derrière les Verts.
Quels que soient les résultats des scrutins dans les deux pays, ils ne seront annoncés officiellement qu'à partir de dimanche soir, lorsque tous les pays de l'UE auront fini de voter.
Les sondages prédisent une hausse des mouvements nationalistes et populistes, opposés à une intégration européenne plus poussée, ce qui devrait faire perdre du terrain aux deux groupes les plus importants au Parlement européen, le Parti Populaire Européen (PPE), groupe de droite pro-européenne, et le Parti socialiste européen (PSE).