Ce mercredi marque le quarantième anniversaire du Taiwan Relations Act, le texte fondateur qui définit les relations ambiguës qu’entretient les Etats-Unis avec cette île du sud-est asiatique. Une date symbole dans un contexte où, loin de l’Hexagone, les tensions s’amplifient entre deux pays voisins ennemis.
En effet, le statut de cette île démocratique de 23 millions d’habitants, située le long des côtes chinoise, est complexe. Taiwan est un territoire revendiqué par la Pékin depuis 1945. L'île a été longtemps soutenue diplomatiquement et militairement par les Etats-Unis face au régime communiste chinois. Or, depuis la reconnaissance officielle par les Etats-Unis de la République populaire de Chine en 1979, Washington demeure contraint de couper les ponts avec la République de Chine, le nom officiel de Taïwan.
La loi américaine ne reconnaît même plus cette dénomination, mais parle depuis des «autorités gouvernementales de Taiwan».
La même année, le Congrès américain s'est doté du Taiwan Relations Act, une loi qui permet de définir la nature particulière de la relation entretenue entre ces deux solides alliés. En somme, le texte définit des relations avec le gouvernement de Taipei identiques à celle liées avec tout autre pays. Mais les exceptions sont fondamentales : l’absence de relations diplomatiques officielles et la non-reconnaissance de la République de Chine.
Cette loi a, par exemple, invalidé tous les précédents accords conclus entre les deux pays, avant 1979, mais inscrit le soutien américain en cas d’action chinoise unilatérale contre l’île. Plus précisément il est écrit que «les Etats-Unis mettront à la disposition de Taiwan les articles et services de défense en quantité suffisante pour permettre à Taiwan de maintenir des capacités suffisantes en matière de légitime défense.»
Une protection nécessaire dans un contexte explosif
Ce texte s'avère aujourd'hui plus que nécessaire pour contenir le conflit entre Taipei et Pékin. Il préserve le statu quo, empêche Taiwan de déclarer son indépendance et la Chine d'envahir l'île.
Depuis l’arrivée au pouvoir en 2016 de la présidente Tsai Ing-Wen et du Parti démocrate progressiste, défenseur d’une démocratie indépendante du régime chinois, les pressions diplomatiques s’intensifient à travers le détroit.
Le pays est désormais menacé d’être exclu des prochains Jeux Olympiques de Tokyo s’il refuse de concourir sous la bannière «Taipei Chinois». La Chine presse également les compagnies aériennes, obligées depuis près d'un an de désigner Taiwan comme partie intégrante de la Chine. Une rumeur d'invasion chinoise en 2021, année du centenaire du Parti communiste chinois, s'est même répandue pendant un temps.
Et les Etats-Unis dans tout ça ? L’intensité de ce face-à-face est directement liée à l’engagement américain dans la région. Car, si Pékin, plus précisément Xi Jinping, hausse particulièrement le ton vis-à-vis de Taïwan ces derniers mois, c’est en partie en réaction à l’entrée en vigueur en mars aux Etats-Unis d’une nouvelle loi autorisant les échanges de haut niveau entre les membres du gouvernement américain et ceux de l’île.
Aux vues de la politique menée par Donald Trump, Washington prend ses distances face à une Chine plus agressive et soutient de plus en plus ouvertement Taïwan. Le projet de loi de défense américain, en cours d’examen, prévoit d’ailleurs de renforcer le Taiwan Relation Act en augmentant la coopération militaire avec Taïwan.