Raghuram Rajan, ancien gouverneur de la banque centrale indienne, a estimé, mardi 12 mars, que le capitalisme était «sérieusement menacé», car, selon lui, ce système économique a cessé de subvenir aux besoins des masses.
Et les déclarations de l'éminent économiste, faites au programme «Today» de BBC Radio 4, résonnent comme une prophétie apocalyptique. Car, selon lui, quand le capitalisme ne produira plus d'effets, «de nombreuses révoltes» sont à craindre.
Dans, ce contexte, les gouvernements ne peuvent ainsi plus se permettre d'ignorer les inégalités sociales dans la mise en place de leurs politiques économiques, a-t-il averti.
La crise financière de 2008 en cause
Concrètement, Raghuran Rajan, qui a également occupé de hautes fonctions au sein du FMI, estime que s'il était possible, dans le passé, d'obtenir un emploi au sein de la classe moyenne avec un niveau d'éducation «modeste», cela devrait être beaucoup plus compliqué à l'avenir. La faute, notamment, à la crise financière mondiale de 2008, et de l'austérité qui en a résulté, lesquelles ont totalement bouleversé la donne.
«Dorénavant, si vous voulez vraiment réussir, il vous faut avoir un très haut niveau d'éducation», a expliqué Raghuran Rajan, «mais, malheureusement, les communautés les plus en lien avec le commerce mondial et l'information globalisée sont aussi celles où les écoles ne sont pas les meilleures, où les gens sont confrontés à une criminalité croissante, à des problèmes sociaux de grande ampleur et sont, ainsi, incapables de se préparer au mieux dans la compétition mondiale».
En d'autres termes, Raghuran Rajan, aujourd'hui professeur à l'Université de Chicago, pense que le capitalisme est en train de s'effondrer, tout simplement parce qu'il n'est plus capable de constituer un levier en faveur de l'égalité des chances.
Dans ces conditions, «les moyens de production sont irrémédiablement nationalisés et des régimes autoritaires se développent», et il devient donc urgent de «rétablir l'équilibre».
Des signaux au rouge
Un rapport récent de Standard & Poor's, l'une des trois principales agences de notation financière, semble d'ailleurs donné raison aux avertissements de l'économiste.
Le document suggère en effet un nouveau ralentissement mondial du volume de crédit, entraînant une augmentation de 50 % de la dette mondiale.
L'année dernière, l'ensemble des dettes de la planète a par ailleurs atteint le niveau historique de 162.000 milliards d'euros, selon les calculs du FMI.
Depuis 2008, la dette publique des Etats, a quant à elle augmenté de 77 % et celle des entreprises de 51 %.
Autant de signaux au rouge qui, s'ils n'engendrent pas de révoltes, ne promettent pas pour autant des lendemains qui chantent.